L'angoisse de la nuit
Depuis deux ou trois jours, mes jours et mes nuits sont radicalement différents.
Le jour, je suis détendue, le temps passe entre quelques activités et du repos, quand j'ai de l'énergie je m'active (ménage, cuisine, repassage mais aussi réparation de ma machine à coudre, préparation de la pièce pour la peinture de la chambre du bébé (hier on a mis bâches et scotchs de protection)), quand je suis crevée je glande sans aucune arrière-pensée, parfois sur l'ordi comme ce matin, parfois je dors, parfois je commande des petites choses pour notre future vie à quatre, parfois je regarde seulement LeTigre s'affairer et c'est bon, aussi.
Pas de stress, pas de question existentielle, pas d'angoisse, je traîne mon gros ventre au gré de mes occupations et le temps passe.
La nuit, c'est différent.
Alors que lors de mes siestes je peux m'endormir en moins de deux minutes, dès que je me mets au lit pour la nuit mon cerveau s'agite.
Je ne sais pas si c'est le noir, le silence, mais je n'arrive pas à trouver le repos.
Je suis mal dans toutes les positions, j'ai mal aux jambes, j'aimerais me mettre sur le dos mais le poids de mon ventre m'étouffe, et puis mon cerveau se met en mode "incontrôlable".
Pas de grosse angoisse.
Pas de grosse question existentielle.
Plutôt une suite de petites angoisses et de petits stress qui m'empêchent de trouver le repos.
Avec la fatigue et l'agitation, j'ai des contractions douloureuses en début de nuit, ce qui n'arrange pas mon stress. En ce moment, nous n'avons aucune solution de garde pour Potam la nuit, même pas sûrs d'arriver à joindre mes BP et LeTigre qui me dit "mon père n'aime pas conduire la nuit". Mais je m'en fous moi ! Il prend sur lui pour une fois, et il vient ! Non mais !
Même si je sais bien qu'une ou deux contractions à une heure d'intervalle n'annoncent pas l'accouchement, dans la pesanteur de la nuit je ne peux pas m'empêcher d'imaginer le départ à la maternité à chaque contraction. Et qu'est-ce qu'on fait ? Qu'est-ce qu'on emmène ? Est-ce qu'on y va tous les trois ? Et combien de temps j'attends ? Et est-ce que j'en parle au Tigre tout de suite ou j'attends d'être sûre que c'est enclenché ? Etc... etc...
Au fond, le matin quand je me réveille, je sais bien que ces questions sont idiotes. Qu'on verra bien. Qu'on fera en fonction du jour, de l'heure, des circonstances, et que ça ne sert à rien de me faire mes films à l'avance. Mais hier j'avais une sorte de pressentiment. Une grosse fatigue dans la journée, des nausées, et cette sensation que "c'est pour bientôt". Alors mes contractions de la nuit ne m'ont pas surprise. J'ai même regardé l'heure à chaque fois. Et puis, c'est passé. J'ai enfin réussi à sombrer dans un sommeil agité et chaotique, mais les contractions ont cessé. J'ai été réveillée par une dernière assez violente, puis plus rien. Et ce matin, levée comme une fleur, plus de contractions, plus de douleurs. Juste cet écoeurement qui persiste et la fatigue.
C'est fou comme le cerveau réagit différemment aux mêmes événements la nuit et le jour.
Comme dans un demi-sommeil on est capables de tout rendre compliqué, angoissant, catastrophique.