Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Mon blog psycho
Mon blog psycho
Archives
11 décembre 2012

Tous ces bébés

Autour de moi, il y a des bébés.

Des femmes enceintes.

Des petits enfants.

Des jeunes parents.

Beaucoup, beaucoup.

J'ai encore pas mal d'amis qui n'ont pas d'enfants, mais c'est vraiment LA mode du moment. C'est l'âge, en fait.

Et encore une fois, je me heurte à la norme. Je suis dedans, LeTigre et moi y sommes entrés in extremis mais on aurait tout aussi bien pu ne pas y entrer. Rester sur le carreau.

A chaque nouvelle annonce de grossesse ou de naissance, j'ai mal à mon ancien-moi.

J'y pense toujours. A chaque fois. Je suis heureuse pour la personne, souvent très émue si c'est quelqu'un de proche, lorsqu'une copine me dit "j'ai quelque chose à t'annoncer", je me dis avec un petit frisson d'excitation "elle est enceinte ! chouette !" et pourtant, à chaque fois, je pense "et si". Et si ça n'avait pas marché pour nous.... Je serais là, triste, aigrie, avec ce manque enfoui au creux de mon ventre, cette incapacité, cette tare. Car non, ce n'est pas une tare de ne pas avoir d'enfant mais oui, c'est vécu comme une tare.

On se dit "je ne suis pas capable" ou "nous ne sommes pas capables". On se sent différent.

Aujourd'hui, on est souvent invités, ou on reçoit chez nous, des couples d'amis avec un ou plusieurs petits enfants. Et c'est plutôt sympa, parce qu'on a ça en commun. Mais si on n'avait pas d'enfant, ce serait horrible. On serait le seul couple sans enfant dans notre entourage, et on se sentirait à côté de la plaque. D'ailleurs je l'ai senti, avec quelques amis (pas tous heureusement) : le fait d'avoir eu mon Potam m'a rapproché de certains couples. Comme si, tout d'un coup, je faisais partie de leur "clan". Comme si, enfin, je pouvais m'intégrer. Comme si le monde des parents était une communauté et qu'on ne pouvait pas partager avec un couple avec enfant, parce qu'on était "différents".

Je sais que ce n'est pas conscient chez les gens. Mais c'est comme ça. Ils n'y peuvent rien peut-être, ne font pas attention, ne se rendent pas compte, mais le jour où j'ai annoncé ma grossesse à certains, c'est comme si j'avais obtenu un diplôme...

Ca m'a mise mal à l'aise. Et ça me met toujours mal à l'aise. Et aujourd'hui, quand je suis avec un couple sans enfant ou avec des amis célibataires, j'y pense. Je fais attention à ne pas parler que de maternité. A sentir la différence entre un réel intérêt et un intérêt feint par politesse. A rester la même. Avec une vie un peu différente certes, mais la même. Parler des mêmes choses, rigoler des mêmes choses.

Bien sûr, avec mes copines qui ont des enfants d'un âge proche de Potam, je discute maternité. Et j'aime bien ça. Mais c'est normal, on partage ce qu'on vit, on partage nos doutes, nos angoisses, nos joies, nos questions.

Mais cette "communauté" des parents, des jeunes mamans surtout, elle me met un peu mal à l'aise. Comme si je n'avais pas vraiment envie d'en faire partie, par respect pour celle que j'aurais pu être si je n'avais pas pu en avoir, et par respect pour ceux qui ne peuvent pas.

Le discours de certains parents (parmi mes collègues certains sont comme ça) est vraiment désagréable, car ils parlent à ceux qui n'ont pas d'enfant avec un ton condescendant comme s'ils disaient "de toutes façons, tu ne peux pas comprendre. MOI, je sais comment ça se passe, je sais ce que c'est qu'avoir des enfants". Ca m'énerve.

Si je n'avais pas Potam dans ma vie, cette multitude de bébés et de femmes enceintes dans mon entourage aurait vraiment été insupportable. Je ne sais pas comment j'aurais réagi. Je crois que je me serais vraiment renfermée sur moi-même. Je n'aurais pas pu continuer à faire semblant de m'intéresser à mes amis, de les voir progresser, devenir parents sous mes yeux, faire des câlins à leurs petits, faire le deuxième, parfois le troisième alors que moi j'en serais toujours à zéro.

Je mesure le miracle qui s'est produit en janvier 2011.

Je crois que j'aurais pu vivre sans enfant. Je m'y serais faite. Je commençais déjà à accepter cette idée comme une possibilité avec laquelle vivre. Mais je n'aurais plus eu les mêmes amis. Je n'aurais pas pu continuer à être "la seule", "la pauvre, qui ne peut pas". Me soustraire à ces regards de pitié, à ces regards plein de compassion mais surtout d'incompréhension.

C'est dur, de ne pas être dans la norme.

 

Publicité
Commentaires
L
J'ai attendu moi longtemps que toi d'avoir ma grenouillette, peut-être que c'est ça qui fait que je n'ai pas de pincement au coeur à chaque annonce de grossesse. Et puis, j'ai été épargnée, on était quasiment les premiers dans notre cercle d'amis à penser bébé, du coup y'a eu peu d'annonces autour de nous dans la période difficile. C'est l'année d'après que toutes nos amies ont eu leurs bébés, et j'ose pas imaginer combien ç'aurait été douloureux à vivre si notre puce n'avait pas déjà été là. Sûrement qu'on se serait éloignés, c'est évident. <br /> <br /> <br /> <br /> Là où c'était plus compliqué, c'était au boulot. Entendre toutes ces femmes à mon travail parler de leurs enfants, de leur rôle de maman, sans jamais se soucier des personnes autour... J'étais la plus jeune, on me disait que j'avais le temps, d'en profiter. J'avais envie de leur hurler que non, je ne profitais de rien !! Difficile aussi pour l'Homme des Cavernes, vu notre différence d'âge, ses collègues commençaient à insister lourdement parfois... <br /> <br /> <br /> <br /> Aujourd'hui, quand on me demande des nouvelles de ma fille, je fais très attention à qui se trouve autour. Idem pour la grossesse, mon gros ventre prend déjà suffisamment de place comme ça... Comme toi, j'aime parler des enfants avec les copines, mais pas que, au bout d'un moment on a aussi besoin de se ressourcer ailleurs ! Et j'évite les discussions "maternité" quand je ne connais pas la situation des gens, l'attente nous apprend la délicatesse je crois...<br /> <br /> <br /> <br /> Gros bisous :-)
Répondre
L
Merci de dire à quel point certains parents peuvent être condescendants avec les nullipares, à quel points ils peuvent être cons et blessants. Biz
Répondre
V
C'est très touchant ce que tu décris, j'ai hâte de rejoindre enfin ce "clan"... et pour les collègues, malheureusement, j'en ai quelques uns qui te rappellent bien que tu n'as pas d'enfant et qui vont même jusqu'à interpréter que je n'en veuille pas... La grande classe...
Répondre
M
Oh que oui, c'est dur dur de ne pas "être dans la norme", celle des humains qui ont des enfants (ce qui dans l'esprit simpliste consiste à dire "ceux qui sont capables d'en faire", avec cette pointe de méfiance pour "ceux-là").<br /> <br /> <br /> <br /> Maman à 41 ans et papa à 46 ans pour Monsieur Papa), nous a effectivement fait passer dans le groupe des "gens normaux". Avec du retard sur les autres, et ça, ça se ressent toujours. Quand le groupe des amis quadras et quinquas nous invite à des fêtes "sans enfant", ou pour "grands enfants seulement, pas des bébés", et que devant notre attitude embarrassée et désolée de ne pouvoir en être, ils nous répondent "ah ben on est passé par là, fallait la faire plus tôt, à nous de nous amuser à nouveau, à vous les couches et les biberons".<br /> <br /> <br /> <br /> C'est rageant, de devoir (pas toujours) expliquer pourquoi on n'a pas eu vraiment le choix. Rageant de voir qu'ils ne comprennent pas forcément. Nous sommes parents, oui, mais des parents qui "ont fait tout à l'envers, ma pauvre dame, parents à l'âge où on reprend une vie sans contrainte!".<br /> <br /> <br /> <br /> Moi après mon déménagement pour la France, j'ai perdu quasi toutes mes relations, amicales, ou autres. Alors, finalement, cela ne me change pas de ces années où, divorcée, sans enfant, je me sentais mise à l'écart par les couples "normaux". Mais Monsieur Papa, lui, a des quantités d'amis, potes, collègues...et s'il a été lui aussi le "célibataire qui ne pense qu'à s'amuser, et pas à fonder une famille", il est devenu "le copain qu'on ne peut plus appeler au pied levé pour une sortie moto, pour un week-end entre mecs, pour un festival à Pétaouchnock", et qui se mettent à râler que son mioche de 7 mois est un boulet, finalement...<br /> <br /> <br /> <br /> Je suis en train de me dire, jour après jour, que les humains ont besoin de tout mettre, et tout le monde, dans des cases. Et que la case "couple avec bébé et enfant de moins de 10 ans", ça ne convient pas à tout le monde. <br /> <br /> <br /> <br /> J'ai fait partie des "boulets", des femmes sans enfant qu'on regardait avec méfiance, ou pitié, qu'on évitait, qu'on plaignait pour la forme, et j'en ai souffert. Je fais aujourd'hui partie des "boulets avec bébé" : des femmes de plus de 40 ans qui ne peuvent pas sortir et faire la fête avec le groupe dont les enfants sont ados et donc autonomes...<br /> <br /> <br /> <br /> Cela ne s'arrêtera donc jamais?<br /> <br /> <br /> <br /> PS : tout comme toi, j'évite soigneusement de bassiner les couples sans enfant avec mes anecdotes de maman, parce que la composition des petits pots, les couches et le Liniment, ce n'est pas forcément amusant pour tout le monde :)
Répondre
Mon blog psycho
Publicité
Newsletter
Publicité