Toujours là...

Il est toujours là.

Je suis toujours entière.

La tempête est passée. Elle a fait des dégâts, on a vécu des heures sombres. On a pleuré. Beaucoup, pour moi. Un peu, pour lui, plusieurs fois. J'ai eu des maux de tête terribles à force de pleurer. La tête comme dans un étau, et les larmes toujours là. Qui coulaient dès qu'on était seuls. Des larmes de tristesse, de regret, d'incompréhension au début, puis de soulagement.

Je ne me souviens pas avoir autant pleuré depuis l'échec de la première insémination.

J'ai tout dit, tout raconté. Il sait de qui il s'agit, il avait deviné, je n'ai pas nié. J'ai failli le faire pour protéger jm car dans sa vie aussi, ça va avoir des conséquences. Mais je n'ai pensé qu'à moi, c'était de la survie. J'ai senti que si je mentais à ce moment-là, il ne me croirait plus. Et j'avais besoin de regagner sa confiance.

Quand je suis rentrée, mardi, il m'attendait, en haut. Le petit jouait sage dans sa chambre (ce qui n'arrive jamais. Il devait sentir qu'il fallait se faire tout petit), LeTigre m'attendait, blême de colère, à l'entrée de notre chambre. Mon coeur s'est serré immédiatement. Il n'y a pas eu de cris car il fallait protéger Potam, et j'ai remercié après coup sa présence. Le Tigre en colère, c'est terrible.

Il a été violent. Très violent, mais pas physiquement. J'ai pris de plein fouet de la violence verbale, il était sous le choc.

Ai dû lui répéter souvent qu'il ne s'était rien passé de concret, dans sa tête il imaginait tellement "ce qui aurait pu se passer" que j'ai ramé pour lui faire comprendre que non, personne d'autre que lui n'avait touché mon corps. Que c'était resté des mots et des idées. Beaucoup trop déjà, certes, mais qu'objectivement, rationnellement, ce n'était pas si grave.

Il a entendu tout ça, mais pas tout de suite.

Par chance, depuis mardi soir, je suis en congé. Je reprends le 28, ce qui nous laisse 10 jours pour nous remettre de cette épreuve et nous retrouver, et pour lui dix jours pour se calmer avant d'aller affronter jm au boulot. Et oui, ils bossent ensemble, c'est d'autant plus compliqué pour LeTigre qui visualise, qui retrace les conversations amicales qu'il a eues avec lui. Il appréhende le retour au boulot et moi aussi. Je ne sais pas comment il va se comporter. Je sais qu'ils vont avoir une explication, j'espère que ça calmera LeTigre qui sera bien obligé d'admettre que ce n'était pas si grave. Qu'au pire jm a fantasmé un peu, comme moi, pendant 24h. Et c'est tout. Ils vont parler, s'ignorer peut-être pendant quelque temps, et ça passera.

On a beaucoup parlé.

Dans les larmes et la colère, au début, puis plus sereinement. Les premières heures ont été destructrices, les dernières constructives et salvatrices.

J'ai été obligée de le remettre à sa place car pendant 24h il m'a parlé avec dédain, froidement, durement, il m'aboyait des ordres "montre-moi tes mails !" "ne me touche pas" "dégage" "si tu lui envoies encore un seul mail, si tu reprends contact avec lui, je te quitte !". J'ai laissé faire, un peu, car ça le défoulait, et puis au bout d'une journée j'ai réagi. Lui ai dit en pleurant (tout ce que j'ai dit, je l'ai dit en pleurant...) que je comprenais qu'il soit blessé et en colère, que je reconnaissais que j'étais allée trop loin mais que je ne l'avais pas trompé, qu'en tout état de cause je n'étais ni un chien ni une pute et que j'avais droit au minimum de respect, qu'il devait arrêter de m'aboyer dessus et qu'on pouvait parler comme deux êtres humains. Ca l'a aidé à se calmer, on a ensuite pu avancer.

J'ai compris certaines choses, sur moi, dont je parlerai peut-être ici. Des choses qui expliquent ce qui s'est passé.

Il a aussi compris ces choses-là et les a écoutées. M'a aidée à comprendre. A ensuite été plus compréhensif et plus indulgent.

J'ai compris des choses sur lui.

On a compris des choses sur notre couple et notre façon de fonctionner.

J'ai promis, j'ai rassuré, je me suis excusée.

Il a accepté, écouté, pardonné (il ne l'a pas dit mais j'ai senti le moment où il a réussi à pardonner. Il ne le dira pas tout de suite par fierté mais j'attendrai).

Nous nous sommes retrouvés, aimés, enlacés.

Nous avons fait l'amour passionnément, comme au premier jour.

J'ai compris grâce à la peur de le perdre, que lui et moi c'est une évidence. J'ai reçu une grande claque qui m'a immédiatement remis les priorités dans l'ordre.

Il a compris que même si je l'aime, rien n'est acquis, jamais. On le savait, on en a toujours parlé, là on l'a vécu. Il a admis que ça pouvait lui arriver, un jour, et que lui aussi serait content que je puisse pardonner.

La blessure est toujours ouverte de son côté. L'hémorragie a cessé, maintenant il faut le temps que ça cicatrise. Pour moi, la culpabilité est toujours là, et l'incompréhension aussi "comment ai-je pu oublier à quel point il compte pour moi ?".

Ca passera.

On a traversé la tempête. On n'est pas encore bien solides sur nos pieds, mais on est là, bien vivants.

Et la passion a repris ses droits, et ça, c'est bon.

Comments

[Marion]

Bon courage pour tout ca, bisous doux

[MDame PMA]

La dernière phrase, c'est celle qui prouve que cette histoire n'est pas arrivée pour rien. JE croise pour que ça dure comme ça.

[MOM]

Suis soulagée de te lire. Cela ne sera sans doute pas simple mais vous êtes sur la bonne voie, et votre couple en sortira renforcé.

Bon courage à tous les 2 pour les jours et semaines à venir ! Je me doute que Le Tigra va devoir faire appel à des montagnes de self-control face à son collègue.



Que tout se passe bien.



Bisous.

[cats]

Très contente pour vous. De toute façon pour avancer il faut que les deux membres du couple soient capables d ecoute de dialogue et d empathie. Qualités que vous avez tous les deux. Après, une fois qu on a compris l autre, ca repart. Et puis je suis sûr que votre petit potam est un ciment de votre couple! Bisous!

[minette93]

Comme je suis heureuse pour vous que vous ayez réussi à mettre des mots sur tout ce qui s'est passé ; il faudra encore parler, ne plus laisser de non-dits comme cela était le cas ; parler vraiment, pas uniquement de savoir s'il a acheté le pain ou à quelle heure tu rentres ce soir ; parler de ce que vous ressentez, du bien et du moins bien, même si c'est difficile, pour progresser, avancer, vivre l'un avec l'autre.

Bon courage d'avance au tigre quand il va se retrouver face à jm.