La douloureuse question du ptit deuz
Ben oui c'est bizarre comme titre, mais voilà, faut bien l'admettre : la question du ptit deuz est délicate.
Douloureuse.
Pour LeTigre, c'est clairement trop tôt.
Il y a encore un mois, il gérait le Potam tous les après-midis en bossant la nuit. Ca l'a éreinté, et aussi un peu découragé, angoissé. Garder le Potam - même deux heures - tout seul maintenant, il ne le dit pas, mais je le sens, ça l'angoisse. Pourtant il n'y a aucune raison, il s'en sort hyper bien, mais je crois que ces mois de fatigue l'ont un peu traumatisé.
Avoir un autre enfant bientôt, c'est inimaginable pour lui.
Il me dit souvent -parce que moi, je suis un peu lourde, et j'aime bien sonder le terrain de temps en temps- qu'un, c'est bien, et que ça suffit.
Il n'en veut pas d'autre. Pour l'instant. Il me dit toujours ça avec un petit sourire en coin, comme pour voir ma réaction, mais j'y lis un petit espoir et je pense pouvoir arriver à le convaincre un jour plus ou moins prochain.
Oui mais voilà, j'aimerais bien qu'on soit sur la même longueur d'ondes.
Moi j'avoue, ça me fait un peu flipper. Je vois qu'on a quand même bien galéré avec le Potam, et tout recommencer, ça me fait peur. D'un autre côté, peut-être que le deuz sera un peu plus facile à gérer. Ou pas. Peut-être aussi qu'il dormira moins bien la nuit.
Malgré tout, je ne voudrais pas que Potam soit enfant unique. J'aimerais qu'il puisse partager ses jeux, ses peines, ses angoisses, ses joies, avec un frère ou une soeur. Je n'aimerais pas vieillir en le sachant seul quand on ne sera plus là. Il aura des oncles, des tantes, des cousins, mais pas de frère ou soeur avec qui partager la vieillesse puis la mort de ses parents.
Et puis au fond de moi, là, encore un peu tapie, j'ai cette envie de porter puis de bercer à nouveau un nouveau-né.
C'est irraisonné. Ca ne s'explique pas. Je n'ai pas adoré la grossesse, on a galéré les trois premiers mois avec Potam, puis encore après pour d'autres raisons, et ça m'a un peu vaccinée. Un peu passé l'envie. Disons que je me dis, que faire un enfant ne doit pas être un caprice. Qu'ensuite, il faut assumer. Etre là, jour après jour, dans la joie comme dans la difficulté. Mais j'ai quand même cette envie sourde.
Et puis, surtout, il y a mon corps.
Mon corps qui me déçoit, mon corps qui a fait des miracles mais qui m'envoit à nouveau des signaux négatifs. Qui me rappelle la galère et qui me met en garde contre une nouvelle galère.
Ces cycles qui étaient enfin réguliers, au retour de couche. 4 cycles de 30 jours pile, alors qu'avant la grossesse ils étaient totalement irréguliers (un de 27 jours, un de 35, un de 30, un de 40, etc...). Je m'étais dit que peut-être, la grossesse avait réglé mes problèmes. Peut-être, que je faisais enfin partie des fertiles et de celles qui auraient la bonne surprise de voir un test positif plus vite que prévu, sans attendre, sans galérer, en planifiant l'écart qu'il y a entre les deux.
Ben non.
Voilà c'est presque officiel, je vais galérer-bis.
Ce corps qui ne savait pas ovuler, ne sait toujours pas. On ne change pas une équipe qui gagne galère.
Du coup, ce stérilet que j'ai en moi, cet intrus, ne sert à rien.
Je vais aller voir mon gynéco et lui demander conseil. En attendant de convaincre LeTigre, ne vaudrait-il pas mieux me remettre sous pilule pour reposer mes ovaires et partir d'un bon pied quand on il sera décidé ?
Du coup, alors qu'il y a quelques mois, forte de mon espoir tout neuf de peut-être faire partie des fertiles, je me disais "on va attendre, on n'est pas pressés, j'attendrai jusqu'à ce qu'on en ait vraiment envie tous les deux", maintenant je me dis qu'il ne faut pas traîner, au cas où on mette encore une plombe. LeTigre va sur ses 44 balais quand même. Et même s'il n'a aucun soucis de fertilité, il vieillit, malgré tout.
J'aimerais tant, que mon Potam ne soit pas fils unique.
J'aimerais tant convaincre LeTigre. J'aimerais tant que mon corps se rappelle comment il a fait. J'aimerais tant que ce soit facile, cette fois.
Et pourtant je me rends bien compte que j'ai déjà une chance immense d'être maman.