Passions
Je suis une passionnée.
J'ai besoin d'aimer, j'ai besoin d'être aimée, j'ai besoin de vivre à fond chaque instant et besoin de remplir ma vie de milliers de moments inoubliables.
J'ai la chance d'arriver à voir les jolies choses du quotidien qui peuvent parfois passer inaperçues.
J'ai besoin d'être moi-même et besoin que les personnes que j'aime me comprennent, m'acceptent, m'accompagnent comme je suis.
Et ce dernier point est hyper délicat.
Dans ma famille d'abord. Je les adore, mais je suis souvent mal à l'aise avec eux. Un peu différente de l'image qu'ils ont de moi. Mais c'est de ma faute aussi, je m'évertue depuis toujours à être comme ma famille me voit. Difficile maintenant de faire marche arrière. J'essaie d'être plus moi mais ce n'est pas toujours facile.
Avec LeTigre aussi. Comment concilier besoin de passion et d'esthétique, et vie quotidienne de couple et de famille ?
J'ai parfois envie de tout envoyer promener et de faire ma vie, seule ou avec mon fils. Vivre mes passions sans entrave, réaliser mes rêves, écouter mes envies.
Complexe dualité entre refus de la norme imposée et envie (sociale ?) de rentrer dans le moule.
Comment déceler la part de ce qui est dicté par la société de la part de véritable envie ?
LeTigre est un homme anti-passion. Il est prévisible, il est pantouflard, il déteste l'aventure, il n'a aucune inventivité, aucune imagination. Il ne sait pas voir une souris ou un éléphant dans un nuage, il me regarde comme si j'étais folle à lier. Il ne sait pas danser pieds nus dans le sable, s'oublier dans les vagues, rêver les yeux ouverts.
Il est mon briseur de rêves.
Dit comme ça, on se demande pourquoi je suis avec lui...
Mais il a d'autres qualités dont j'ai un besoin vital. Il est soucieux des gens, attentionné, à l'écoute, généreux, tendre, viril, et bien d'autres. Je suis attirée irrémédiablement par l'odeur de sa peau. Invulnérable dans ses bras musclés.
J'ai quitté mon ex-mari qui avait su rêver avec moi, adolescents. Qui m'avait emmenée dans des trip que nous étions seuls à comprendre. On rêvait ensemble, on s'évadait, on planait, mais notre vie quotidienne a été un fiasco. Je l'ai quitté, encore folle de lui mais sachant qu'on ne pourrait jamais vivre ensemble. J'en ai pleuré jusqu'aux vomissements, j'ai vomi mon adolescence et mes rêves qui s'écroulaient. C'était mon âme soeur et il aura toujours une place à part dans mon coeur, même si la fin de notre histoire a gâché un peu les jolis souvenirs.
LeTigre, c'est mon roc. C'est appuyée sur lui, solide sur ses deux pieds bien ancrés dans la réalité, que je peux m'évader sans risque. Et de là-haut, regarder en bas et avoir envie de redescendre.
Alors bien sûr, j'aurais aimé pouvoir l'emmener dans mes rêves, dans mes passions.
Mais je ne peux pas. J'ai renoncé et on est plus heureux depuis. J'ai arrêté de vouloir le changer parce que je l'aime comme il est. Il ne rêve pas avec moi mais je peux toujours rêver seule.
L'avantage des rêves c'est qu'on n'a jamais aucun compte à leur rendre.
On n'a pas besoin d'en parler autour de nous.
Ils nous appartiennent totalement, aveuglément, silencieusement.
J'ai réalisé, que mon accomplissement individuel ne passait pas par l'homme avec qui je vis.
Qu'à vouloir à tout prix trouver la passion et le rêve au quotidien grâce à un homme, je reportais cette lourde responsabilité sur quelqu'un d'autre parce que je n'avais pas la force de la porter toute seule. Et aujourd'hui, je veux trouver cette force.
Epanouie en couple, épanouie en tant que maman, il me reste à être épanouie en tant que femme.
Et ça, ça pèse sur MES épaules. Et uniquement MES épaules.
Trouver LE métier-passion, celui qui fera de moi celle que je veux être. Ne plus m'ennuyer 8h par jour dans un travail administratif sans intérêt.
Je dois 8 ans à l'Etat qui a financé ma formation. Il m'en reste 3. Trois années pour réfléchir, pour choisir, pour préparer, pour financer éventuellement.
Ca tournera autour de l'écriture ou de l'aide à la personne, je le sais. Voire même les deux (l'un pour gagner ma vie, l'autre en "loisir").
Je ne me satisferai pas de rêver ma vie.