Journée noire
Du réveil jusqu'au coucher, en passant par les siestes, des cris.
L'air de la mer, le vent, la forte houle, les nuages gris orageux, un début de rhume, un lit peu confortable : voilà le détonnant cocktail qui nous a fait vivre une journée en enfer.
Il n'a pas arrêté.
Dans ces moments-là je me sens totalement impuissante. Impuissante à l'apaiser, à le calmer, à faire cesser ces cris qui nous rendent fous.
Dans notre panier à idées, en vrac, on trouve : les câlins, la balade en poussette, la balade en écharpe, le bain, la sieste, les jeux à deux ou à trois, les bras en chantant, en dansant, en faisant des choses quotidiennes aussi, tout simplement.
Mais face à un tel déferlement d'énervements, de frustrations, d'énergie qu'il n'arrive pas à dépenser, on est impuissants, tout simplement.
On est là à essayer des trucs, mais au final, surtout à regarder notre montre en attendant le coucher avec impatience.
Chaque mise au lit est une bataille. On va dans la chambre, on le change, on câline, on chante, il s'agite mais pas de refus, pas de pleurs. On le pose dans son lit, pas de problème. Il prend son doudou, il joue avec son nounours lumineux, il gratouille le filet du lit parapluie, il rigole, il s'agite. Dès que je fais mine de m'éloigner, c'est la crise. Hurlements, grosses colères. J'ai essayé de partir en lui parlant doucement et de continuer à lui parler un peu derrière la porte. De partir avec un "bonne nuit" imperturbable et de ne plus revenir. De le reprendre dans mes bras pour tenter de le calmer. De lui chanter une chanson tout en le laissant dans son lit. De lui faire de petites caresses pour le calmer tout en lui parlant doucement. De partir et revenir si les cris ne se calment pas.
Dès que je reviens, il s'apaise. Mais ça n'a qu'un effet limité dans le temps, dès que je repars c'est la crise.
Parfois, y a une chose qui marche, mais seulement quand il a pleuré longtemps et qu'il est crevé : je reviens, je le prends dans mes bras (il se calme immédiatement et enfouit sa tête dans mon cou), lui caresse le dos tout en lui parlant doucement, et toujours doucement mais fermement je lui dis "tu dois dormir, c'est normal. Tous les bébés dorment le soir dans leur lit. Nous aussi on va dormir, là, juste à côté de toi. On n'est pas loin. On t'entend. Je te remets dans ton lit et tu ne pleures pas. Je ne reviens plus, c'est la dernière fois, tu dors". Et là, en géréral, ça marche. Comprendre : il hurle quand je le pose dans son lit, mais je sors, je ferme la porte, je dis une dernière fois "chuuuut, tu dors" et je pars, et les cris cessent 2 minutes après. Mais c'est au coup de chance. Ca ne marche pas au premier coucher.
La plupart du temps (sauf gros sanglots), on le laisse hurler (après câlins, caresses, berceuses etc...) et il finit par se calmer tout seul. Mais ça prend longtemps, parfois très longtemps.
Aujourd'hui, il s'est réveillé de mauvaise humeur, il était grognon, fatigué, nez bouché, et il n'a fait que deux siestes d'une demi-heure après 40 minutes de râleries, entrecoupées de moments de calme où il gazouille et joue, puis s'énerve à nouveau.
Ces deux minuscules petites demi-heures ne nous ont pas permis de souffler, à peine de finir de manger et de boire un café, et il fallait y retourner..........
Je suis épuisée.
Je ne sais plus quoi faire, quoi dire, je comprends ces parents qui démissionnent, je me répète "il faut rien lâcher" et je me rends compte qu'en faisant ça je l'engueule toute la journée.
Ces jours-là, rien de marche.
Il n'y a aucune solution.
Seulement, essayer de l'accompagner dans ce tumulte d'énergie non canalisée sans péter les plombs.
Il crie quand on le pose. Il crie dans nos bras. Il crie dans sa chaise. Il crie assis, il crie quand on l'allonge, il crie dans la voiture (parfois juste pour le plaisir, et rigole quand on hausse la voix...), il crie en se frottant les yeux, signe évident de fatigue mais lutte, lutte et lutte encore pour surtout, ne pas s'endormir. Ni dans son lit, ni dans notre lit avec moi, ni dans l'écharpe, ni dans sa poussette. Seulement parfois dans la voiture.
Je vais aller voir un homéopathe. C'est pas que je sois inquiète, je crois réellement qu'il n'a rien de spécial, que c'est seulement un bébé très très curieux et plein d'énergie qui refuse de se laisser aller au calme et au sommeil. Mais peut-être qu'avec un petit coup de pouce, quelque chose qui l'aiderait à se calmer un peu, ça pourrait nous aider.
Je sais qu'avec la nounou, ça va nous soulager. Et je culpabilise de penser ça. De voir la semaine prochaine arriver avec impatience. J'aurais aimé pouvoir dire que je rêve de pouvoir passer toutes mes journées avec mon Potam. Mais la réalité est autre. La réalité, ma réalité, c'est que ce petit poussin que j'adore, il m'épuise et que je vais être contente de le confier.
Peut-être que la présence d'autres enfants va le canaliser un peu. Peut-être que lorsqu'il marchera il se défoulera, courra et grimpera partout, ce sera épuisant aussi mais peut-être (laissez-moi rêver...) aura-t-il ensuite quelques moments de calme. Peut-être aura-t-il moins de mal à s'endormir.
Peut-être, mais peut-être pas.
Depuis quelques temps, je doute très sérieusement de mon envie d'un autre enfant. Je n'aurai jamais la force.