Retour dans la vie professionnelle
Ben oui, seulement un WE, deux tout petits jours, et la reprise de la semaine me laisse une impression d'immersion dans un monde artificiel et inutile.
Je ne suis pas de celles qui ont pour leur job une véritable passion. Le boulot, pour moi, c'est le passage obligé, la croix à porter la semaine, un moyen de gagner de l'argent. Alors oui, c'est un moyen qui, par chance, ne m'est en général pas désagréable. J'ai un peu de responsabilités (mais pas écrasantes), je suis plutôt bien payée pour un fonctionnaire, mon boulot n'est pas stressant (du moins en général), mes collègues plutôt sympas, l'ambiance très bonne, bref, vraiment pas à me plaindre.
Et d'ailleurs je ne me plains pas. Aller bosser le matin n'est vraiment pas difficile. C'est obligé, je préférerais faire autre chose de ma journée, mais ça va.
Alors quoi ?
Ben simplement, que les préoccupations qui animent tous mes collègues me passent à des lieux au-dessus. Je ne partage pas leurs revendications plus ou moins révolutionnaires, jette à la poubelle les tracts syndicaux sans même y jeter un oeil, et réponds le plus laconiquement possible lorsqu'ils m'exposent à quel point ça va mal ! ouais... pourtant je partage ces idées. C'est vrai que rien ne fonctionne comme ça devrait, que les applications informatiques sont indisponibles la moitié du temps, que notre haute hiérarchie a une vision bien différente de la nôtre de notre boulot... Ok... mais en fait, je m'en fous.
La vie au boulot, c'est pas la vraie vie.
Je n'y dépense pas trop d'énergie. Je ne veux pas m'énerver pour si peu. Je prends de la hauteur et de la distance. Je me fous de tout. On pourrait se dire que c'est bien, mais moi je trouve ça un peu inquiétant. Je m'ennuie tellement la journée... Pourtant j'ai plein de choses à faire et je fais plein de choses, mais je n'y trouve aucun intérêt.
Alors, la vraie vie, c'est quoi ????
C'est voir les copinautes tomber enceintes (Catseyes, La Looseuse pour les dernières bonnes nouvelles en date).
C'est passer un WE hors du temps avec deux super copines.
C'est passer ses nuits avec un homme super.
C'est s'occuper de son petit foyer.
C'est cuisiner, coudre, jardiner.
C'est téléphoner à sa maman et l'entendre pleurer d'émotion au téléphone.
C'est appeler son grand-père pour ses 83 ans et lui dire des choses qu'il n'entend pas et écouter les réponses à des questions que je n'ai pas posées.
C'est faire une petite balade dominicale sous un beau soleil froid.
C'est voir les cristaux de glace se former sur les velux.
C'est déguster une délicieuse brioche faite maison avec ses copines.
Bref... c'est tout sauf le boulot...
Si vous saviez à quel point les tâches qui m'incombent me semblent futiles... pas inutiles vraiment, je crois en mon rôle au sein de la société, je sais que je fais un métier qui a un sens, mais au quotidien, la succession des tâches me paraît certaines fois insupportable.
Il faut que j'envisage sérieusement une reconversion pour l'avenir. Mais pas avant de savoir si je vais être maman ou non. Parce que bien sûr, je ne ferais pas les mêmes choix. J'aurais une opportunité, dans les prochaines années, de faire un boulot plus actif, plus palpitant, moins routinier, mais pour ça il faut être très disponible, ne pas compter ses heures, pouvoir répondre au téléphone pendant ses vacances et faire des permanences parfois une semaine entière.
Alors, j'attends. Mon boulot routinier mais pas si désagréable serait parfait si j'étais maman.
Mais sinon ? Mes décisions sont en suspend... On verra... suspendue à un avenir incertain.
Comme j'envie ces filles qui décrêtent que "c'est le bon moment", qui planifient, qui contrôlent.
Pour moi, c'est le bon moment depuis longtemps déjà. Mais est-ce que ça restera toujours "le bon moment ?" Est-ce que c'est raisonnable de ne rien changer en attendant ? Mais est-ce que j'ai le droit de faire comme si je ne voulais pas d'enfant et courir le risque qu'il arrive alors que mon boulot serait incompatible avec une vie de famille ??? Combien de temps suis-je prête à attendre ? A partir de quand vais-je vivre comme si je n'attendais pas cet enfant ?