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Mon blog psycho
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18 janvier 2011

Tatafloute a une psy

index bon ben ça y est, je suis une grande fille : j'ai une psy !
Maintenant je vais pouvoir me la péter grave, genre "je peux pas, j'ai RV chez ma psy", genre "tiens, faudra que j'en parle à ma psy", etc... Trop cool !

C'était pas gagné d'avance. Un tout petit bled dans l'Oise en pleine campagne, même que mon GPS il voulait me faire prendre une voie non carrossable pour y aller... Une grande baraque bourgeoise traditionnelle de la région, avec des poutres, des pierres, un toît bien pentu, trois étages, maison de forme carrée, un grand terrain, un immense portail... bref, pas vraiment le petit immeuble de ville où tu pousses une porte et tu cherches l'étage. Ma psy (comment ça fait trop classe !) elle travaille chez elle, dans un petit coin de sa maison avec une entrée rien que pour son cabinet. Au départ j'osais pas rentrer dans l'énorme maison. J'ai sonné au portillon, attendu un peu, et comme j'étais un peu en avance et que ça ne répondait pas, je suis entrée, le portillon était entr'ouvert de toutes façons. En entrant dans le hall/salle d'attente, j'étais pas trop trop à l'aise. Et puis elle est apparue, pas du tout comme je l'imaginais ! elle s'appelle Ghislaine et je sais pas pourquoi, je m'attendais à une femme d'un certain âge au style un peu bourgeois, et j'aurais eu du mal à accrocher. Mais là, une femme noire d'environ quarante-cinq ans, heureusement beaucoup plus simple que je l'imaginais, mais hyper froide... mais vraiment, j'avais envie de partir ! elle m'a dit à peine bonjour et puis "j'attends un client qui est un peu en retard, je vous vois après". J'imaginais attendre des heures. Le client en question est arrivé, elle l'a fait entrer, et puis finalement ça n'a duré que deux minutes et c'était mon tour.
Le cabinet : une toute petite pièce aux odeurs d'encens, murs en bois, ambiance bureaux à l'ancienne avec deux fauteuils face à face contre une immense fenêtre ornée de lourds rideaux. Autour, une grande bibliothèque, un petit bureau en bois avec un ordi, un fauteuil derrière, deux devant. Du bordel, des livres, des tapis, on se sentait chez soi. Trop bien.

Elle m'a tout de suite fait asseoir dans le grand fauteuil, en face d'elle (moi j'imaginais le divan avec elle derrière moi comme on le voit dans les films ou les livres). Ses grands yeux posés sur moi, moi un peu mal à l'aise et puis dès qu'elle a commencé à m'écouter et à me questionner, j'ai senti que le courant passait... J'étais un peu tendue, pas du tout l'habitude de parler de moi librement comme ça, mais sans plus, plutôt bien face à son regard encourageant. Dès que je calais, elle rebondissait, elle me posait des questions, elle remettait les choses dans l'ordre avec ses mots. Des mots simples, évidents, mais ça fait tellement de bien de les entendre par quelqu'un qui n'a aucun parti pris !

Elle est très pro, c'est à dire à la fois encourageante et douce, et en même temps, elle ne juge pas. Elle m'a laissé dire des trucs du genre "vous allez trouver ça idiot..." en me répétant "mais non, c'est pas idiot, c'est VOTRE réalité".
Etre écoutée sans être jugée mais en ayant une oreille active, c'est vraiment agréable.

Je n'ai pas pleuré. Je n'ai pas été submergée par l'émotion. J'ai expliqué calmement les premières choses qui me venaient en tête, encouragée par ses questions.
Des questions parfois un peu embarrassantes, par exemple "que signifie faire un enfant pour vous ?" ou encore "à part ce désir d'enfant, quel est l'axe de votre couple ? Et quel était-il avant ?"

3/4 d'heure, ça passe vite. J'ai déjà dit pas mal de choses, des choses que je n'ai pas découvertes, auxquelles j'avais déjà beaucoup réfléchi, et j'ai senti qu'elle approuvait plusieurs fois "oui, c'est ça qu'il faut chercher, c'est ça qu'il faut faire" et ensuite "bien sûr que c'est difficile, c'est même extrêmement difficile". Donc, pas de révélation bien sûr, c'est beaucoup trop tôt. Mais un bon feeling, même de ma part. Je me sentais bien et j'avais envie de parler. Je sens que cette démarche a été faite au bon moment et qu'elle va m'apporter beaucoup (et me ruiner aussi !).

Un passage clé de la discussion :
"pourquoi est-ce que vous êtes venue me voir ?
- ben c'est paradoxal. En même temps, je voudrais ne plus souffrir, apprendre à vivre sans enfant, et en même temps, je n'ai pas envie d'apprendre à vivre sans.
- mais votre vie, aujourd'hui, elle est là. Vous n'êtes pas enceinte. Vous n'avez pas d'enfant. Il faut raccrocher à la réalité"

J'ai un peu raccourci l'échange mais cette petite phrase va beaucoup m'aider à très court terme : je dois raccrocher à la réalité. L'idée, elle n'est pas révolutionnaire. Bien sûr que je ne vis que pour ce rêve, en ce moment. Mais ces mots m'aident. Raccrocher. Ca veut dire que je m'égare. Je suis ailleurs, perdue dans des rêves, dans un futur et je passe à côté de ma vie. Ma vie, elle est là, maintenant.

Bon et puis concernant le parcours PMA, elle me conseille de me poser. Elle dit que la démarche que je fais de faire une pause jusqu'à mon RV gynéco du 4 mars est très bonne, qu'il me faut le temps de reposer mon esprit et de reposer mon corps. Que même, dans l'idéal, il faudrait plus que deux mois. Elle me conseille de ne pas reprendre trop vite les inséminations ou autres tentatives médicales.
Je ne sais pas si je vais suivre son avis, je verrai après le RV du 4 mars.

Je suis tiraillée entre la peur du temps qui passe, voir les mois défiler et ne toujours pas être enceinte, et l'envie de prendre le temps, de refuser la pression sociale. Elle me dit qu'il faut que je prenne le temps d'apprivoiser l'idée du temps qui passe sans que ça me panique. Sans compter les mois, les cycles. Que j'ai la chance de n'avoir que 31 ans et pas le couteau sous la gorge. Elle me dit "vous n'êtes pas un cycle, vous êtes un être humain". Ne pas réduire ma vie à une succession de cycles. "Occupez-vous de votre couple, faites de votre couple un challenge" Je lui dis "je pensais pouvoir faire les deux en même temps !" elle me répond : "comme toutes les femmes !" en souriant...

Je lui ai posé la question qui brûle toutes les PMettes en infertilité inexpliquée : "est-ce que vous croyez aux infertilités expliquées par un blocage psychologique ?" Elle m'a répondu que rien n'est jamais que psychologique. Le psychologique joue pour tout, mais la fertilité, c'est un ensemble de plein de facteurs. "Des petites causes organiques, sûrement, des facteurs environnementaux et sociaux, des facteurs généalogiques (ce que vous ont légué vos parents et grand-parents), génétiques, et psychologiques". J'ai aimé cette phrase. Un peu de déterminisme social, de pression sociale, mêlée au caractère de chacun et à nos gênes, et on explique les différences.

Quand je lui ai dit "je comprends pas que j'aie besoin de consulter et de me poser mille questions pour arriver à faire un bébé, alors que d'autres les font en claquant des doigts sans jamais se poser une question". Elle m'a répondu en souriant "elles sont peut-être juste plus spontanées".
Ca n'explique rien hein, je suis pas en train de dire que je sais pourquoi je suis pas enceinte, mais quand même, c'est quelque chose dont j'ai toujours été plus ou moins consciente intuitivement : je conceptualise tout dans ma vie, je veux tout contrôler, depuis toujours, j'ai perdu toute spontanéité, même pour faire un bébé, le truc le plus spontané qui soit. Même parfois pour respirer je suis dans le contrôle (faut respirer lentement, par le ventre, etc...).

Depuis tout à l'heure, ma nouvelle ligne de conduite (ça va m'aider dans ma vie que ce soit pour faire un gosse ou non) : retrouver de la spontanéité (pourtant quand je danse toute nue dans mon couloir je me trouve spontanée !), ne plus tout contrôler (toujours ce putain de lâcher prise qui revient !), et surtout "raccrocher à la réalité".

Ce soir on est allés au resto, j'ai bu un verre de vin et un apéro et j'étais complètement saoule, on a bien rigolé ! J'ai bien raccroché à la réalité là !!!!

Les prochaines séances, quand ce sera plus intime, je raconterai moins je pense. Là ça va, je peux, c'est encore assez général...

Ah oui et au fait, je lui ai parlé de ce blog. Elle a dit que c'était une super bonne idée et qu'il fallait que je continue. Par contre, elle m'a mise en garde. M'a dit de ne pas y passer trop de temps, parce qu'à force d'être sans arrêt en train de parler de ça et d'être en compagnie de gens qui parlent de ça, j'allais m'enfermer. "C'est un gros danger à ne pas sous-estimer. Ne faites pas tourner toute votre vie autour d'une seule chose".
Alors, les copinautes, un peu ça va, mais pas toute la journée les blog de PMA !

(Edit : à celles qui sont arrivées à tout lire jusqu'au bout : chapeau ! à celles qui ont lu le post en diagonal : bah... j'vous comprends...!)

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Commentaires
L
Bon et bien ça y est, tu as franchi le pas. Et en plus, tu as pu te sentir en confiance avec elle, ce qui n'est pas toujours évident à la première consultation. Elle t'a donné quelques pistes de réflexion, des éléments pour réfléchir sur toi, et tu verras qu'au fur et à mesure, c'est de toi-même que tu avanceras, c'est tout l'intérêt de regard "en miroir" du psychologue. Je suis sûre en tous cas que ça va t'aider à te sentir épaulée et écoutée dans ta démarche, à aller chercher plus en profondeur les ressources qui sont les tiennes pour pouvoir simplement mieux comprendre tout ce que tu vis, te sentir mieux.<br /> <br /> Ecrit comme ça, ça paraît tellement bête, tellement simple, et pourtant... il en faut de la persévérance !<br /> <br /> Je t'embrasse très fort.
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M
J'ai beaucoup aimée lire ton post, mon homme et moi on est dans cette discipline et c'est interressant de lire comment vit une patiente sa première séance.<br /> Merci ;)
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T
oui oui psychologue...<br /> bravo pour la lecture !!!<br /> Biz
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B
Eh ben voilà : tu connais toi aussi la case psy. Psychologue, j'imagine ? Pas psychiatre ? <br /> J'ai lu ton post en entier et je ne l'ai pas trouvé long. (hi hi)
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T
@ Valou : tu as raison, je ne dois pas attendre de solutions de sa part. Ses mots sont différents des miens et ça m'aide...<br /> <br /> @ Bonnie : c'est clair que j'appréhende un peu la suite. Il faudra bien que les émotions sortent un jour... <br /> <br /> @ FutureFabriqueBébé : libérer mes émotions, c'est quelque chose que je dois faire aussi. Ca me ferait vraiment du bien même sans ce projet bébé. <br /> <br /> @ Marlysa : j'aurais pas aimé un psy qui parle pas... quelle horreur ! J'ai besoin d'une réaction en face. Sinon j'ai l'impression de donner de l'argent pour rien du tout !!! <br /> <br /> @ Mylène : merci pour tous ces compliments, et surtout merci d'être "sortie de l'ombre" ! A bientôt !<br /> <br /> @ Irouwen : merci beaucoup !!! je suis très émue par ton com. C'est vrai que j'ai cette chance de pouvoir prendre mon temps.... j'en suis consciente... bisous
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