Merci, mais...

Oui, merci à celles qui ont des crampes à force de croiser leurs doigts... j'ai pas dû assez croiser les miens parce que DN m'a envoyé mon cadeau mensuel ce matin... Bonne année !
Comme je ne suis pas rancunière (même si ça commence à être lourd, hein, quand même), j'ai passé le WE à me dire "c'est peut-être un signe qu'il ne faut pas que j'aie d'enfant parce que je serais plus heureuse sans - ou qu'il va lui (leur) arriver malheur - ou que je vais avoir un enfant lourdement handicapé et je regretterai toute ma vie de l'avoir mis au monde". Bref, des pensées positives comme vous le voyez.

Ce matin, j'ai même pas pleuré. Pas une larme, pas un serrement de cœur, pas d'étonnement, pas de déception. Ca fait une semaine que je sais qu'elles vont arriver, et surtout trois jours que je pleure.
J'ai passé un horrible WE mais heureusement je suis en congés et les prochains jours vont être plus agréables.

On était chez mes beau-parents, et c'est le genre d'endroit où on a le moins envie d'être quand on va mal. D'ailleurs, je n'ai pas été d'une compagnie des plus charmantes. J'ai même pleuré devant ma belle-mère, surprise et désappointée.
Mais aussi, elle est lourde... p**ain qu'est-ce qu'elle est lourde... pas méchante hein, maladroite seulement... mais alors elle en a pas raté une. Déjà, c'est une grosse commère... elle ne fait pas grand chose de ses journées, mais parler des gens, ça, elle aime... j'écoute même pas, d'habitude, je feuillette une revue ou je rêvasse. Mais à force d'entendre parler de gens plus ou moins proches de la famille et de leurs bébés respectifs (genre "au fait tu sais quoi ? la fille de la soeur du beau-frère, celle de 19 ans, elle est encore enceinte ! tu te rends compte ??? et elle a même pas de boulot ! pas de mec stable ! elle a déjà quitté le père du premier et elle recommence ! de toutes façons, elle fait comme sa mère..."). Véridique... presque mot pour mot... Au-delà de la tristesse et de la banalité de telles conversations, j'en pouvais plus. Le Tigre laçait ses baskets pour aller courir, et dès qu'il a eu fermé la porte, j'ai laissé couler les larmes que je n'arrivais plus à retenir.
Elle a été toute maladroite, elle a eu les larmes aux yeux de me voir malheureuse pour la première fois, mais elle voulait me consoler. M'a dit des choses du genre "faut pas pleurer ma belle-fille" (faut imaginer l'accent du nord mêlé au dialecte du sud de l'Italie), "t'es jeune, ça va arriver, et puis au fait tu as vu l'histoire de cette femme qui n'a jamais pu avoir d'enfant, qui s'est retrouvée miraculeusement enceinte à 55 ans ???" ouais génial. J'ai tellement hâte que ça m'arrive.........

Bref.
Un WE horrible, triste, à supporter ma belle-soeur et sa désormais traditionnelle blagounette du début d'année : "bonne année, hein ! et un ptit bébé pour la fin de l'année !" trop fière de sa trouvaille. Sauf que ça fait trois ans qu'elle nous la sort, et qu'au début, ça nous faisait sourire, et là, ben on a plus du tout géré ! moi j'ai fait comme si j'avais pas entendu, j'ai seulement croisé le regard de mon beau-frère qui sait plus ou moins qu'on galère et qui a connu ça avec sa femme... vraiment gêné pour nous avec un gentil regard de compassion. Mais l'autre c****, rien capté, ça la faisait marrer, et elle rajoute ensuite "bon ben, je tombe à l'eau hein, aucune réaction, personne relève !" (mais tais-toi va ! tu comprends donc rien du tout ???). Puis, à table, on s'est retrouvé en face d'elle et son mari. Gentils tous les deux, mais y-z-ont pas inventé le fil à couper le beurre (pourvu que LeTigre ne lise jamais ce post...). Et le mari qui en rajoute en parlant au Tigre comme si j'étais pas là : "tu sais, tu peux faire un gosse hein ! maintenant t'as trois chambres en plus, c'est bon, qu'est-ce que t'attends ? (LeTigre et moi, on se regarde pas, on se tait, on laisse passer...) et pis, en plus, t'aurait une demi-part supplémentaire !" Ouais ok, t'as raison...

Le soir, je monte me coucher aussitôt tout le monde parti. Sa mère "tu vas déjà te coucher ???" ben oui, il est 23h et j'en peux plus de vous voir, tous ! j'ai besoin de REPOS ! d'être seule ! LeTigre me glisse à l'oreille : "vas-y ma puce, je me pose un peu le temps de digérer, je te rejoins vite". Quel amour, çui-là...
Je me retrouve seule dans le lit et je pleure. Je pleure sur l'injustice sévère qui fait que des gens stupides (je ne parle pas de ma belle-soeur là... quoique...) sont parents le plus naturellement du monde, alors que nous, on est loin d'être parfaits, mais on saurait bien l'accueillir, ce ptit... et ben non, on peut pas.
D'ailleurs, sa mère m'a dit la même chose. Juste avant que je me mette à pleurer le dimanche matin, c'est cette phrase qui a fait déborder le vase "quand je pense que des gens comme ça (la fameuse fille qui a pas de boulot et pas de mec et qui est un cas soc) font des enfants comme ils respirent alors que d'autres, qui sauraient si bien accueillir un bébé, ne peuvent pas en avoir". Elle ne pensait pas à nous en disant ça (elle est persuadée qu'en insistant ça marche forcément) mais ça m'a touchée....-coulée.

Bref, samedi soir, je suis dans mon lit, et je pleure sur l'injustice de la vie. Et je réalise que je suis bien seule et que je n'ai pas une épaule attentive sur qui pleurer. Que des amies qui sont loin. Pas d'amie proche qui pourrait me comprendre et m'écouter. Et j'angoisse. C'est si difficile. Pourquoi nous ? Pourquoi ???? Et je pense à ma tante, la deuxième femme de mon parrain, qui n'a jamais pu avoir d'enfant. J'avais appris un jour qu'elle avait eu une hystérectomie mais elle n'en a jamais parlé. Et aujourd'hui, alors qu'elle approche de la cinquantaine, j'aimerais aller la voir et pleurer dans ses bras. Parce que seule une personne qui a vécu ça peut vraiment trouver les mots et comprendre ma souffrance qui semble si disproportionnée de l'extérieur...
Et ma tante, elle est sensible, fine, intelligente. Pas très affectueuse dans ses gestes, mais je sais qu'elle saura trouver les mots...

Depuis plusieurs jours je savais que les règles allaient arriver. Je me sentais exactement comme lors de la première IAC. J'ai eu des traces dimanche, à 12 DPO, des douleurs de règles, et comme d'habitude, le flot bien rouge au lever le lendemain. Pas de doute. Elles sont là avec un ou même deux jours d'avance, mettant fin à une semaine horrible.

Alors maintenant, je tourne une page. Je tourne enfin définitivement la page 2010, la page des trois premières IAC et je me pose. 2011 sera l'année de la sérénité. J'en peux plus de souffrir, de lutter. Je ne veux plus. Je décide aujourd'hui que ce bébé viendra dans la sérénité, ou il ne viendra pas.
Ca ne veut pas dire que je laisse tout tomber, mais presque.

Demain, je vais quand même faire la prise de sang. Je sais bien que ça ne sert à rien, que je vais faire 60 bornes pour rien, mais comme ça j'aurais tout fait dans les formes et ce sera terminé. Ce 11/01/2011 qui aurait pu me porter chance sonnera la fin de la période sombre. Exit la souffrance, je veux vivre et être heureuse.

J'ai pris la décision de prendre RV avec un autre gynéco, dans le même hôpital. Parce que mon Gygy Eric, il ne prend pas le temps, il n'est pas à l'écoute, il ne remet jamais ses décisions en question et j'ai besoin qu'un oeil nouveau regarde les zones d'ombre de mon dossier. Ce test de Hünher négatif par exemple. Savoir une fois pour toute, si j'ai une toute petite chance qu'un jour ça marche naturellement ou s'il ne faut pas y compter. Et puis je voudrais une hysteroscopie pour aller voir l'uterus de plus près et vérifier cette histoire de bulle d'air vue à l'hystero-salpingographie qui pourrait être un polype à l'entrée du col (j'y crois pas trop), et peut-être un cœlioscopie pour aller voir ce qui se passe là-dedans. Et lui demander aussi, si réellement le gros fibrome que j'ai à l'extérieur de l'uterus ne peut pas être la cause des échecs. Faire les derniers dosages hormonaux aussi. Comme ça, je serai sure. Si on me dit réellement après tout ça qu'il n'y a RIEN, alors on verra. J'ai besoin d'un autre avis, je ne fais plus confiance à Eric. Sans compter les 2h minimum de retard à chaque RV et les 120 euros de consultation que je ne paierai pas à l'hôpital puisque je suis à 100%.

Voilà, j'ai fait un post hyper long et j'ai encore plein de choses à dire. Une nouvelle vie m'attend. Je me suis renseignée tout à l'heure pour des cours de couture, et j'ai eu envie en passant devant la Croix-Rouge de m'engager comme bénévole pour aider les autres et trouver enfin un sens à mes actes.

Hier soir, j'ai dit auTigre : "je veux changer de vie. Mais non, pas te quitter ! changer de région,  changer de boulot, partir sur la côte, j'ai besoin de la mer... faire un boulot à la con, m'en fous, planter des fleurs pour une petite commune tiens, ça me plairait bien, avoir une jolie petite maison et marcher sur la plage en ciré jaune et bottes en caoutchouc. Rien à foutre de gagner bien ma vie, cette vie-là, j'en veux pas, elle m'ennuie..." LeTigre, mi-amusé mi-sceptique, m'a répondu : "et moi, je ferais quoi, dans ta nouvelle vie ? - toi ? tu serais mon amant, mon Gigolo privé, mais aussi, moi, je paierais pas, parce que je serais ta préférée... mais... en fait je serais ta seule cliente... - ah ouais super, alors je gagne comment ma vie ??? - pfffff t'es vraiment terre-à-terre !".

Voilà, en résumé je vais très bien et suis pleine de projets, pleine de vie et pleine d'énergie. Mais faudrait voir à ce que DN ne s'arrange pas pour m'épuiser totalement...

Comments

[M'Dame PMA]

Pensée : pour que tu restes comme ça toujours... Et que le contexte change bientôt

[CatsEyes]

D'abord, je veux te dire que je suis bien triste de lire que ce salopard de chasseur t'a fait tombé par terre...

ensuite, je pense que c'est une très bonne décision d'aller prendre l'avis d'un autre spécialiste. C'est important d faire confiance à l'équipe qui nous suit.

Courage, j'espère que cette année 2011 saura être plus clémente avec toi.

[marlysa]

On dirait qu'on a passé le mêm we (niveau moral, pas de reds pr moi, c'est pas le moment). Et que ta BM ressemble bcp à ma mère niveau potins.
Vous y allez pas souvent j'espère? Moi une journée par mois. Plus les coups de fils, assez fréquents. C'est bien suffisant.

J'aime bcp la conclusion de ton article. De nouvelles envies, une recherche de sérénité... C'est super.

[Muteen]

Moi aussi j'ai aimé lire ton post car on sent que tu sais où tu vas, tu es à la croisée des chemins et je pense que tu prends les choses de la bonne manière (si tant est qu'il y ait une bonne manière de se prendre un échec dans les dents...). Faire des examens complémentaires est une bonne idée, ça te permettra aussi de te poser quelque temps pour mieux repartir. Bon courage Tatafloute, nous sommes avec toi. Bisous

[Laurette]

Coucou ma belle,

C'est un beau message que tu nous délivres là, plein d'optimisme malgré ta tristesse du week-end. Je ne sais pas pourquoi, mais je suis touchée aussi par l'attitude de ta belle-maman. Effectivement elle n'a pas la capacité de te réconforter, toutes ces question de PMA lui semblent probablement abstraites, mais malgré tout j'ai l'impression qu'elle souhaite très fort cet enfant pour vous, qu'elle partage à sa manière ta douleur, même maladroitement. Bon, en revanche, la belle-soeur...

Je t'encourage vivement à contacter ta tante si tu en ressens le besoin. Pour d'autres raisons, c'est une démarche que j'ai faite dernièrement, parce qu'il n'y avait qu'à elle que je pouvais m'adresser pour ça, et ça m'a beaucoup aidée d'avoir son regard. Pouvoir partager avec quelqu'un d'à la fois proche et à distance, ça nous permet un grand recul par rapport à ce qu'on vit, et ce qu'elle a traversé pourra sûrement t'aider.

Et aller demander d'autres avis, avoir un autre regard médical, ça aussi c'est important. Ne pas s'en remettre totalement à la médecine et décider aussi soi-même de prendre les choses en main, de ne pas juste aller là où monsieur le docteur veut nous emmener, de chercher ailleurs. Finalement, tu parles de faire une pause, de laisser tomber pour un moment, mais c'est tout le contraire que tu fais. Simplement, tu n'y vas pas tête baissée, tu prends le temps de la réflexion, de la remise en question, de t'arrêter au croisement pour prendre la bonne direction.

Quant à ta maison au bord de mer... j'ai la même dans un coin de ma tête... un rêve bien au chaud, pour d'autres temps...

Je t'embrasse bien fort.