le cycle de l'espoir

Chaque cycle, c'est la même chose.

Le premier jour, c'est la déception, la tristesse, l'angoisse qui monte -et si je n'y arrivais jamais-. La fin d'un espoir, la chute brutale dans le réel après les jours de rêve.

Puis, dès le deuxième ou troisième jour, la déception fait place à un nouvel espoir, mince, qui renaît petit à petit. On remonte la pente. On se dit, finalement, que ce n'est pas grave, que ce n'est qu'un mois de plus, et qu'on va seulement recommencer, encore. Que certaines ont attendu bien plus longtemps. Que la moyenne c'est un an, voire 18 mois et qu'on en est encore loin. Qu'il ne faut pas dramatiser et qu'il n'y a pas forcément de problème. Que c'est peut-être simplement la nature qui prend son temps, la malchance qui s'installe. Et puis qu'il faut profiter des moments à deux au lieu de ne penser qu'au moment où on sera trois. De se dire qu'après, ce sera pour toute la vie et qu'on aura parfois envie de revenir en arrière quand on était qu'à deux.

Ensuite, on n'y pense pas trop. Les journées passent, elles sont occupées, il n'y a rien à penser, seulement attendre et observer.

Après l'ovulation, on calcule -à quand remonte le dernier câlin ?-, et puis, si la réponse à la question le permet, on commence à espérer. C'est le début de la période où tout est permis.

Chaque signe est interprété, chaque mal de ventre, chaque petite fatigue, chaque tension des seins peut être un signe. Tout est possible, rien n'est sûr, on sait qu'il faut attendre mais peut-être que ce mois-ci, enfin ! on va avoir une bonne nouvelle. On pourra peut-être commencer à ressentir des choses.

On rêve, on anticipe, on calcule le mois de la naissance, ce que ça peut changer pour les vacances qu'on a prévu. On regarde sur internet, on commence à taper "symptômes de grossesse" sur un moteur de recherche, on lit des témoignages, on reconnaît certains signes, on espère encore plus.

Encore quelques jours de passés et c'est presque le moment. On sait que ce sont les jours fatidiques. Les règles, ou pas. On regarde. On attend. On va aux toilettes toutes les heures et bien sûr, comme on les attend, elles n'arrivent pas. Elles prennent toujours leur temps. Alors on espère encore. On compte, on recompte pour être sûre mais ouiiiiiiii on a bien un jour de retard ! Deux  jours ! Trois jours ! Là ça commence à être sérieux, on envisage un test, on attend encore 24h, on ressent toujours plein de choses, on a mal au bas-ventre, mal aux seins (normal les règles arrivent) mais là tout d'un coup c'est sûr, ça veut dire qu'on est enceinte ! Et puis finalement, on se décide, on fait un test.

Négatif.
On attend un peu plus que 3 minutes, on regarde bien, mais on a beau scruter le petit carré, il reste blanc, aucune ligne rose n'apparaît. Il faut se rendre à l'évidence. Jeter le test. Ne plus y penser. NEGATIF. J'aurais dû m'en douter, je suis trop idiote d'y croire encore à chaque fois. Je me fais toujours avoir. Mon corps m'envoit des signaux incompréhensibles.

Aujourd'hui, J2, je perds beaucoup de sang et je suis fatiguée. Je commence à penser à nouveau qu'il n'y a certainement aucun problème et que ça finira par arriver. Mais quand même. Je suis fatiguée de penser toujours à ça. Fatiguée d'être déçue tant de fois.

Je ne veux plus y penser. Plus essayer. Mais je sais que je me dis ça pour que ça marche mieux car on m'a toujours dit que ça arrivait quand on cessait d'y penser.

Je déteste les gens qui me disent "tu verras, il suffit que tu n'y penses plus et ça arrivera tout seul".
Je déteste d'autant plus quand les filles qui me disent ça n'ont jamais essayé ou sont tombées enceintes tout de suite.

Comments

[sankuclaire]

c'est incroyable !!! j'ai vraiment l'impression de me lire !!!! On est toutes pareilles (enfin, pour celles qui "galèrent")

plein de courage !
claire