Mon Tigre
Mon Tigre, il est sexy.
Il est brun, a de beaux yeux verts dans lesquels je me perds surtout lorsqu'il me regarde d'un air de dire "on est trop heureux tous les deux trois", a un magnifique torse musclé et poilu, des poils doux et soyeux et noirs qui soulignent ses pectoraux fiers et ses abdos recouverts d'une petite couche de gras peau, n'a pas de poignées d'amour, et dès que je le vois torse nu j'ai envie de lui faire des choses. Ou qu'il me fasse des choses. Bref.
Mon Tigre, il est attentif. Contrairement à mon ex beaucoup d'hommes, il me regarde, il me voit vraiment, il sait comment je suis habillée, il me conseille, il fait les boutiques avec moi et même s'il voudrait que je m'habille en mini jupe et décolleté il ne supporterait pas de me voir sortir comme ça ("va mettre ta burka"). Je suis à LUI. Il est tendre, me caresse, m'embrasse, me colle contre lui et me coince dans un recoin de la cuisine si j'ai le malheur d'être un peu trop sexy.
Mon Tigre, il sait quand quelque chose ne va pas, il le voit tout de suite. Il m'écoute quand je parle, porte de l'attention à la plupart de mes propos, me respecte, veut que j'aille bien, est heureux quand je suis heureuse, sourit, amusé, lorsque je fais la débile, partage certains de mes trip, et me regarde d'un oeil tendre après l'amour en caressant mes formes dont, si on en croit ses paroles, il ne peut se passer.
Mon Tigre, il a les pieds sur terre. Il est équilibré, réfléchi, ne traîne pas trop de casseroles, n'a pas de problème psychologique, est bien dans ses pompes, aime sa famille qui l'aime aussi, a des valeurs saines.
Mon Tigre, il est sain. Il ne fume pas, ne boit pas, ne se drogue pas (sauf si le reniflage et pelotage de nibards est une drogue), fait du sport, mange équilibré, ne regarde pas des matches de foot en buvant des bières et en mangeant des pizzas et en se gratant les couilles avec ses potes, ne sort pas jusqu'au milieu de la nuit, ne rentre pas bourré, ne nique pas toutes les gonzesses qui lui plaisent....
Mon Tigre, c'est un peu l'homme parfait. MON homme parfait.
Mais en ce moment il me gonfle.
Incapable de prendre une décision.
Incapable d'accepter une petite part de risque, d'inconnu, de surprise.
Incapable de mettre tout en oeuvre pour arriver à ce qu'il veut.
Toujours en train d'hésiter et de remettre à plus tard.
Flippé par le changement, flippé par les décisions imminentes, flippé de devoir faire un choix.
Il veut tout et son contraire.
Il veut partir mais seulement si on habite LA, si on travaille tout près, si on a une nounou ou une crèche, si mon poste n'est pas trop prenant (lui c'est pas pareil hein, c'est un HOMME. Lui il peut avoir un boulot prenant et du temps de trajet, c'est PAS PAREIL).
Il veut partir mais cette année y a le baptême, alors c'est compliqué.
Il veut partir, mais faut vendre la maison, c'est compliqué.
Il veut partir, mais peut-être aussi qu'il veut rester.
Il veut partir, mais il ne demande que les postes qu'on est sûrs de ne pas avoir.
Il veut partir, mais l'année prochaine, c'est mieux.
Bon sang.
Moi, j'ai besoin de savoir où je vais.
Je sais comme il est, je veux bien qu'on prenne notre temps pour prendre les décisions difficiles, je veux bien hésiter un an ou deux, mais j'ai BESOIN de savoir dans quelle direction on va.
C'est lui qui m'a convaincue d'aller là-bas. On y est allés, il m'y a emmenée en WE, en balade, et ça m'a plu. Et je suis tombée sous le charme de cette région (pourtant sous la pluie à chaque fois ;-)) pour laquelle j'avais beaucoup d'a priori.
Maintenant que je suis convaincue et que ça devient concret, il ne sait plus.
Moi je suis prête à accepter des changements d'avis, des déceptions, des surprises, des désillusions et des bâtons dans nos roues. Mais globalement, j'ai besoin qu'on sache OU on va.
Une direction, globale.
Si notre projet c'est de partir, alors on met tout en oeuvre pour y aller.
Si notre projet c'est de rester ici, alors on fait ce qu'on a dit, on cherche une autre maison qui nous correspondra mieux, plus loin, plus grande, avec une cheminée ou un poele, et on décide de rester.
Mais on ne demande pas une mutation chaque année pour se radier au dernier moment.
On n'attend pas 10 ans avant de prendre une décision.
Le temps passe. Il passe vite. La vie n'attend pas. Potam grandit, et il grandirait mieux en faisant des courses de char à voile sur la plage plutôt qu'à traîner dans notre petite impasse de ville-dortoir de la région parisienne.
Alors c'est vrai, on n'est pas si mal ici.
Mais on ne peut pas se contenter du "pas si mal". Je veux le MIEUX. Je veux partir. Et il a peur...
Je lui ai dit tout ça, samedi.
On s'est engueulés.
Il a bossé presque tout le WE et les seules heures où on était ensemble, on s'est pris la tête. Mais ça a fini au lit, et j'ai bon espoir qu'il y réfléchisse un peu. Mais vite. On n'a pas toute la vie devant nous...