Passer le relais
Hier soir, je suis allée voir ma cousine enceinte de 6 mois et demi. J'ai emmené mon Potam (LeTigre était chez ses parents ce WE, moi j'ai voulu rester chez nous, j'en ai ma claque de passer mes WE libres chez eux. Je suis forte hein ??? j'ai su dire non cette fois et même s'il me manque, même si du coup je gère le Potam seule tout le WE, ben je suis contente. Je suis chez moi avec mon fils et ça fait du bien). Bref.
Ma cousine dont je suis très proche, qui est une fille à qui tout réussit : elle est magnifique, brune frisée aux yeux sombres et à la peau claire et veloutée, mince et élancée, avec un port de reine (elle a fait de la GRS à très haut niveau), un sourire splendide en permanence, des dents tellement blanches qu'elles éblouissent... mais en plus d'être belle elle a un boulot qu'elle adore, un "boulot-passion", un amoureux hyper gentil, un joli petit appartement en plein Paris.
Ma cousine si belle qui réussit tout, elle avait peur. Elle avait suivi mon histoire avec beaucoup d'intérêt, beaucoup de questions, beaucoup d'empathie et m'avait confié un jour "je pense que pour moi aussi ça prendra du temps. Je sais pas pourquoi, je le sens". Un jour, elle était venue voir mon Potam qui venait de naître, elle s'était assis sur un pouf face à moi et, des étoiles plein les yeux, elle m'avait dit "allez, raconte tout !". Et ce jour-là, elle m'avait confié qu'elle finissait un projet important au boulot (on était en octobre) et qu'elle arrêterait la pilule ensuite, vers le mois de décembre.
En avril, elle est revenue chez moi. On a fait un brunch, elle s'est occupée de mon Potam qui avait 6 mois. Et puis j'ai osé poser la question qui me brûlait les lèvres. Et elle m'a devancée, à peine j'avais prononcé les premières syllabes de ma question elle me disait "ben non, toujours rien". Et je lui avais demandé comment elle se sentait (ça faisait 4 mois, pas encore de quoi s'inquiéter !), elle m'avait paru très sereine, m'avait dit qu'elle y pensait tout le temps mais que ça ne lui pesait pas encore.
3 mois plus tard, je recevais un coup de téléphone, au boulot. Ma super-cousine au bout du fil, toute excitée, qui sans préambule m'annonce "je t'appelle pour t'apprendre une bonne nouvelle, je suis enceinte de trois mois !". S'en sont suivis des mots de félicitations, d'émotion, de petits conseils dont elle était demandeuse. J'étais si heureuse. Alors que j'aurais pu être jalouse, me dire "elle, elle aura vraiment de la chance jusqu'au bout...", mais non. Cette joie presque enfantine, cette pureté, cette gentillesse, je ne pouvais qu'être hyper heureuse pour elle.
Hier soir, j'en ai profité pour lui amener plein de choses pour son futur bébé dont je ne me servais plus (un tapis d'éveil, des jouets d'éveil, des petits vêtements...). Et puis je lui ai amené mon écharpe de portage.
Elle m'a dit qu'elle en voulait une mais qu'elle n'en avait pas encore.
Qu'elle rêvait de porter son bébé en écharpe.
Je la lui ai donnée (prêtée ?) avec une émotion énorme. Incompréhensible.
Me séparer de cette écharpe (que je n'utilisais plus) a été réellement douloureux.
Je lui ai montré comment la nouer, avec le Potam dedans, mon Potam trop heureux et habitué au portage qui me souriait et me faisait des bisous pendant que je l'installais. Mon Potam qui éclatait de rire lorsque je le balançais dans l'écharpe. Mon Potam qui va maintenant passer le relais à une toute petite fille.
Elle a emmené l'écharpe dans une chambre, et je ne l'ai plus revue.
Je n'y ai plus pensé.
Et puis une fois rentrée, allongée dans mon lit, j'ai pleuré.
Je ne porterai plus jamais mon bébé en écharpe (j'en pleure encore).
Mon bébé a grandi, mon bébé va bientôt marcher, je continuerai de le porter souvent, longuement, sur ma hanche pour faire avec lui mes petites tâches quotidiennes qu'il adore regarder, juché dans mes bras.
Je ne l'utilisais plus depuis nos vacances à la mer en septembre (pour une balade), mais elle était là, près de moi, dans sa chambre. Prête à servir.
Ces deux derniers jours, pour être sûre de mon choix, je l'avais reportée et mis le Potam dedans, et puis rapidement je me suis rendue compte qu'il était lourd, et que lorsqu'il était dedans, je ne pouvais rien faire de mes deux mains, j'avais besoin de le soutenir. Donc ça ne servait plus à rien. J'aurais aimé pouvoir le porter sur mon dos, j'aurais pu avoir les mains libres, mais je n'ai jamais réussi à le mettre seule dans cette position. Et quand LeTigre est là, c'est moins utile puisqu'il peut s'en occuper pendant que je fais ce que j'ai à faire.
Je me suis donc décidée à la donner. Ce serait trop bête de la garder pour ne pas l'utiliser, et qu'elle s'en achète une.
Il y a quelques mois, j'avais hésité à la donner à ma copine C. qui a accouché de sa petite fille au mois d'août, petite puce qui avait un grand besoin de contact et qui ne se calmait que sur sa maman. Et puis je lui avais dit que je m'en servais encore.
Aujourd'hui, j'ai passé le cap, je m'en suis séparée, mais je suis heureuse que ce soit ma cousine chérie qui la récupère. Je sais qu'elle va tout de suite savoir faire (je lui ai montré une fois, elle a refait le noeud immédiatement sans erreur) et qu'elle va adorer ça. Je sais qu'elle "la mérite".
C'est con hein. Ce n'est qu'une écharpe. Qu'un immense bout de tissu extensible.
Mais ça symbolise ma relation unique avec mon tout petit Potam, les heures de bonheur lorsqu'il dormait profondément tout un après-midi pendant que je vaquais à mes occupations, mon tout petit bout de chou blotti contre mon coeur, bercé par mes mouvements.
J'ai continué longtemps à le porter. J'en suis très heureuse et ce sont de magnifiques souvenirs.
Il est temps maintenant de passer le relais, de le voir grandir.
Et peut-être qu'un jour, je la récupérerais.... pour un autre enfant... qui sait....