Ne pas y penser...
Le laisser en pleurs, hurlant...
Se dire qu'il était déjà grognon ce matin à la maison, qu'il est crevé, qu'il a mal aux dents et qu'à la maison aussi il pleure quand il a faim et qu'il est fatigué.
Espérer qu'avec le repas, sa peine s'estompe et qu'il m'oublie un peu.
Espérer qu'il arrive à dormir (après des pleurs, mais je pense qu'il dormira).
Espérer qu'il ne pleure pas trop en voyant où il est en se réveillant et en ne me voyant pas.
Espérer qu'il ne passe pas une trop mauvaise journée.
Essayer de ne plus y penser.
Se dire que c'est comme ça, qu'il faut qu'il en passe par là pour qu'il comprenne la séparation, pour qu'il comprenne que c'est son nouveau quotidien et qu'il accepte d'avoir une vie en-dehors de papa et maman.
Se dire aussi que maintenant, c'est Fabienne qui gère.
Oublier, et profiter de ces quelques heures de calme et de tranquillité.
Ne pas appréhender d'aller le rechercher.
Ne pas appréhender demain.
A chaque jour suffit sa peine.
Se reposer. Dormir un peu, après deux nuits d'insomnies et de mal de ventre. Se dire qu'on se croyait plus forte et plus maligne, et qu'on ne fait finalement pas la fière.
Penser au pot de départ au bureau demain. Acheter des gâteaux car pas le courage de tout faire. Se dire qu'on s'en fout, ce qui compte c'est Potam, les collègues mangeront des gâteaux made in carrouf et c'est pas si grave.
Penser que demain, il faut remettre le réveil pour la première fois depuis plus d'un an.
Se dire qu'on est déjà crevée, et que la fin de la semaine va être dure.
Se dire que ce n'est qu'une période qui ne devrait pas être trop longue, par laquelle tous les parents sont passés.
Se dire que c'est normal et ne plus y penser...