Insomnie
Il est 2h passées et je ne dors pas.
Je me suis couchée à 23h30 et depuis, j'attends.
Je m'installe, je me tourne, me retourne, j'ai le ventre qui gratte sous mon tee-shirt, ce mal de tête qui ne passe pas et le nez bouché (de légères allergies depuis quelques semaines). Les remontées acides me font mal dans la gorge. Je me lève, bois un verre de lait pour calmer un peu l'acidité. Je me recouche. Ferme les yeux. Ca me gratte, c'est pénible. Je change de position. Je me mets sur le dos et caresse mon Tigrou qui se colle à ma main. Bonheur. Mais toujours ce mal de tête comme s'il y avait trop de pression, peut-être un peu d'hypertension ? Ou simplement trop de pensées ?
Je cogite.
Mine de rien la fausse alerte de lundi m'a stressée : depuis j'essaie de penser à tout, je fais des listes dans ma tête, j'imagine comment ça va se passer, je me pose des questions existentielles sur tout.
Je fais et refais le film de l'accouchement dans ma tête.
Je m'imagine ensuite dans la chambre, ayant mon bébé avec moi. Qui vais-je voir ? Que vais-je mettre ? Et à quoi est-ce que je vais ressembler avec ma coupe toute moche sans brusching... Et est-ce que je vais aller au ptit dej avec les autres mamans en pyjama ? Et s'il y a du monde dans ma chambre quand je dois allaiter, est-ce que je vais les faire sortir ? Est-ce qu'ils vont sortir d'eux-mêmes ? Est-ce qu'ils vont observer ? Ma mère et ma soeur, c'est sûr, elles voudront voir. Et moi je n'aurai pas envie de montrer.
Et si mon bébé, il avait les mêmes affreuses oreilles décollées que j'avais ? Est-ce que ça se verrait dès la naissance ? Et si je le trouve pas beau ? Et s'il n'arrive pas à téter ?
Et qu'est-ce que je vais dire à ma grand-mère qui veut venir nous voir quelques jours, qu'il faudra loger, nourrir et supporter les leçons de moral et les "tu devrais" ? Je ne peux pas lui dire non, j'ai déjà tellement de chance qu'elle soit toujours là, en bonne santé, prête à prendre le train pour voir son arrière-petit-fils...
Et comment va-t-on faire avec la baignoire ? Elle ne tiendra jamais en équilibre sur la nôtre... où on va la mettre ? Comment on va s'organiser ? Est-ce qu'on va arriver à ne pas se casser le dos penchés jusqu'au fond ?
Comment dormir avec toutes ces questions... (et le ventre qui gratte, grrrrrrrrrr !)
Dès que je ferme les yeux je pense à tout ça, j'organise (enfin j'essaie), je visualise.
Faire le vide.
Se détendre.
Prendre les choses comme elles viennent, les unes après les autres.
Ne pas penser non plus, à mes jeans d'avant que je ne mettrai peut-être plus. A mes seins qui vont peut-être devenir tout mous et tout tombants. Au Tigre qui ne me trouvera plus à son goût...
Retourner dans ma bulle. Celle dans laquelle je suis depuis 8 mois. Mon bébé et moi. Rien d'autre. Rien d'autre ne compte, que cette fusion, cet amour et cette bulle de tendresse et de bonheur. Y retourner, vite. Le reste, ça stresse un peu...