Je ris et je pleure
Je suis pleine de vie, pleine d'énergie, pleine de confiance en l'avenir parce que je sais que tant qu'il y aura cette flamme de vie en moi, je serai heureuse. Je danse, je chante, je ris et je profite de chaque instant.
Pourtant, elle est là.
Froide.
Brutale.
Insidieuse.
Elle s'insère, partout, tout le temps, dans les moindres recoins de mon âme, dans mon inconscient, dans mon sommeil, dans ma vie.
Elle est là, jour après jour. Chaque minute, chaque seconde, elle ne me quitte jamais.
La tristesse.
Je croyais que j'allais bien. Je croyais que j'avais gagné, que je l'avais repoussée mais elle est toujours là.
Toute la journée, j'ai ce poids, énorme, écrasant, sur le cœur. Ce n'est pas qu'une image. Je le ressens vraiment physiquement jusque dans la gorge. Les larmes montent parfois, mais d'autres fois ça reste là, coincé. Pourtant, je ris, je fais des choses, je mets la radio, je joue à la wii, je décore ma maison avec le sourire, mais le poids est toujours là.
J'y pense tout le temps. Je pense à mes amies, celles qui ont des enfants, celles qui sont enceintes (presque toutes, en fait...), et je me sens exclue. Celles pour qui la vie n'est pas toujours facile, le quotidien pas toujours rose, mais qui ont donné la vie. Qui ont fabriqué un petit être à l'intérieur d'elles-mêmes. Je suis vraiment, sincèrement, heureuse pour elles. Si si, c'est vrai. Je pense tous les jours à la petite Eva de ma copine C. née ce 9 janvier. Une nouvelle petite vie, un jour marqué sur mon calendrier, comme le tout premier d'une petite fille. Il y a une semaine, j'avais ma main sur le ventre tout dur de sa maman.
Je pense à une autre copine, qui n'ose toujours pas m'annoncer sa grossesse croyant que je ne sais pas et qui attend peut-être d'accoucher pour m'envoyer un faire-part de naissance.
Je pense à ma copine D. qui va un jour prochain m'annoncer sa seconde grossesse alors qu'on a arrêté la pilule presque en même temps. Je me souviens de cette conversation sur le net où je lui disais "tu sais quoi ? Je suis pas enceinte" et où elle n'a pas répondu tout de suite. Elle venait de se rendre compte qu'elle avait presque 15 jours de retard. Une semaine après, elle faisait un test positif.
Et j'ai mal.
Je pense à ma maman, qui m'a dit tout à l'heure au téléphone, la voix tremblante : "tu sais des fois, j'ose pas aborder le sujet, mais j'aimerais tellement... j'aimerais tellement t'aider... tu sais, je porte avec vous cette souffrance, je pense à vous tous les jours" et mes joues sont inondées de larmes.
Je sais qu'elle souffre pour moi, qu'elle souffre dans sa chair de ma douleur à moi. Et je m'en veux tant de lui causer ce chagrin que je devrais être seule à porter.
Le soir, quand je me couche, j'ai froid.
Un froid glacial qui vient de l'intérieur. Le froid de la peur. Je ne peux pas me réchauffer. Je me blottis contre le Tigre et je tremble jusqu'à épuisement. Puis je sombre dans un sommeil réparateur sans rêve que je bénis. Le matin, je me réveille apaisée, reposée, confiante. J'ouvre les yeux, je souris à mon Tigre, puis tout me revient et le poids m'écrase à nouveau. Pourtant je me lève avec le sourire comme si de rien n'était.
Est-ce que cette douleur là, va durer longtemps ?
Est-ce que tout le monde fait des choses, des projets, des loisirs, des vacances, pour oublier le poids de la réalité ou est-ce que c'est seulement momentané et qu'ensuite je ferai des choses pour ces choses-là uniquement ?
C'est bizarre hein, lundi, mardi, j'ai fait des post hyper optimistes, pleins de joie.
Aujourd'hui je fais un post tout noir.
Pourtant, rien n'a changé.
Hier, je regardais le côté ensoleillé, aujourd'hui je suis tournée vers les nuages.
Il faudrait qu'un jour, je grandisse. Que j'accepte de ne pas être parfaite et que ma vie ne soit pas celle dont j'ai rêvé. Paradoxalement, parfois je me dis que des gens qui ont des enfants, regrettent peut-être secrètement le temps où ils n'en avaient pas. Que peut-être, si j'en avais eu facilement, je regretterais aussi et je dirais à quelqu'un qui n'en a pas : "tu sais, c'est bien aussi, la vie à deux". Le pire, c'est que j'en suis convaincue. Que j'adore la vie à deux.
Mais je sais pas d'où elle vient, cette petite voix qui nous dit "il te faut un enfant, MAINTENANT", celle qu'on entend toutes ou qu'on a toutes entendues, qui doit être bien plus forte que n'importe quel raisonnement, et le pire, c'est qu'il s'agit uniquement d'un réflexe instinctif de reproduction.
Putain d'instinct de merde.
(je ponctuerai mon post totalement déprimant par cette jolie phrase)