Changer tout ça
Aujourd'hui, je vais mieux. La tristesse est toujours là, mais elle se fait plus discrète, moins oppressante, moins intrusive, moins nocive. Elle a cessé de me paralyser. Du coup, j'en profite pour vous remercier pour vos petits mots de tendresse si réconfortants.
J'ai réussi à m'habiller (et pas en jogging), me coiffer, me maquiller (juste un peu de fond de teint poudre mineral, pour au moins avoir un teint un peu uniforme...) et sortir. Je suis juste allée faire la plein de ma voiture hein, donc rien de bien terrible, mais j'avais dans l'idée d'aller la laver et de faire un tour au Gamm Vert pour acheter des protections contre le gel pour mes plantes. Ca a été un peu la loose parce que je n'avais pas de monnaie pour le lavage de voiture, et qu'il était 13h30 donc Gamm Vert était fermé. Mais quand même, je suis sortie.
Suite et grâce au commentaire de Bonnie sur mon post précédent, je me suis dit "ça ne peut plus durer".
Mais c'est quoi, au juste, ce "ça" ???
Ben cet étau dont elle parle. Oui, j'ai l'impression d'être dans un étau, comme si on m'observait pour me juger. Elle a trouvé les mots exacts. Comme si ma vie était regardée et jugée toute entière, dans les moindres détails. Ma motivation pour le boulot, mes activités (ou mes non-activités) sportives, comment je m'occupe de mon homme, de ma maison, de mes plantes, de mon jardin, tout est épié et jugé. Et cette impression d'étau, c'est exactement ce que je ressens. Ca se resserre autour de moi et ça ne me laisse pas vivre comme je le sens. Mais cet observateur, c'est MOI. C'est terrible non ? Je suis totalement impitoyable avec moi-même, je n'ai pas le droit à l'erreur, comme si, cette absence d'enfant, c'était une punition. TU AS MAL FAIT, TU SERAS CHATIEE ! Un immense châtiment "céleste" (pourtant je ne crois pas en Dieu, c'est paradoxal...) parce que je n'arrive pas à être parfaite.
Bon ok. Mais maintenant ? Comment faire ? Comment lâcher prise sur l'ENSEMBLE de ma vie ? Il est clair que ce n'est pas seulement l'échec de la procréation qui est visé par cet étau. C'est tout. Comment faire pour me laisser vivre ? Pour me laisser tranquille ? Qui, ou quoi, m'a mis en tête que je n'étais "pas assez bien" ?
Concrètement, ça se passe comment le lâcher prise ?
Déjà je le sais, il faut que j'ELOIGNE tout de moi. Toutes ces pensées m'enserrent et m'empêchent de respirer, il faut que je les tienne à distance. Instaurer un barrage à pensées nocives, un barrage à cette p*tain de culpabilité qui me suit depuis toujours. Coupable de quoi ? Pourquoi ? Je ne sais pas. Parce que consciemment et objectivement, je sais que je fais plein de choses bien, que je réussis plein de choses, que je suis capable de plein de choses. Alors ?????????
Je voudrais pouvoir tisser comme une toile ou une bulle sur laquelle viendraient rebondir les pensées culpabilisantes et les jugements. Qu'ils ne m'atteignent plus.
Je sais bien que mes proches (vous aussi peut-être sans oser me le dire), se disent "tant qu'elle se mettra la pression comme ça, ça ne marchera pas" ou encore "il faut qu'elle arrête d'y penser".
Je n'arrête pas de dire à tout le monde "mais c'est impossible, d'arrêter d'y penser". Ai-je seulement essayé ? Ai-je seulement ENVIE d'arrêter d'y penser ? Comment abandonner le plus grand projet de ma vie, tout ça pour qu'il se réalise ? Est-ce que "arrêter d'y penser" c'est forcément "abandonner" ?
Je me suis déjà dit, en m'efforçant de le faire "je laisse faire la nature sans mettre mon cerveau à contribution" Mais j'ai tenu une semaine, quinze jours. Jamais plus.
Concrètement, pour ne vraiment plus y penser, il faudrait que je sois prête à arrêter tout traitement et tout contrôle par des médecins. Comment ne pas penser à ça en se piquant chaque jour et en passant des heures par semaine dans les salles d'attente des gynéco ?
Sauf qu'il y a le facteur physiologique. Mes ovulations pourries. Le traitement que je prends depuis maintenant 5 mois a l'air de vraiment fonctionner, mes ovulations sont meilleures et moins tardives. Je ne veux pas perdre tout ce bénéfice et revenir au point de départ. Alors comment concilier traitement et détachement ?
Je crois que je vais laisser un peu de temps passer avant l'IAC 3. Peut-être me contenter de stim simples avec déclenchement pendant quelques cycles. Et essayer de rendre tout ça mécanique, sans mettre d'émotions dedans. De considérer ce traitement comme un traitement à long terme et non comme une chance chaque mois de tomber enceinte.
Essayer de voir le temps comme un ami et non comme un étau (merci bonnie pour ces mots si justes).
De voir le temps qui passe comme une victoire et non comme un échec permanent.
Mais penser à tout ça comme ça, c'est déjà nocif. C'est encore me mettre la pression, me donner des challenges et se battre CONTRE.
Je ne veux PAS me battre, je veux juste vivre normalement.
Conclusion : éloigner les pensées négatives, respirer et ne faire entrer que les pensées positives. Tout le temps. Me construire cette bulle d'oxygène hermétique à toutes les pensées nocives.
Et aller voir un psy, parce que bon sang, je suis bien dérangée là haut.