Pourquoi c'est bien mieux de ne pas avoir d'enfant
Parce que :
- je peux faire la grasse mat'
- je peux manger quand je veux, faire n'importe quoi (rien, en fait) de mes journées sans que ça nuise à personne
- je peux me coucher tard sans être certaine d'être réveillée par des hurlements à 6h du matin
- je peux partir en WE en amoureux à l'improviste
- j'ai un corps de rêve (oui, bon, enfin on fait ce qu'on peut hein...)
- je peux aller faire du shopping pendant des heures en sortant du boulot sans me soucier de rien
- je peux aller chez des gens sans déménager 2,5 tonnes d'affaires
- je peux passer une heure dans la salle de bain, enfermée, à m'épiler, me faire un gommage, me mettre de la crème sur chaque partie de mon corps
- je peux passer une-demi journée au hammam avec une amie et discuter tant que je veux
- ...
Et j'en oublie...
Mais quand même...............................
C'est PENIBLE !!!!!! j'ai pas le droit de penser que je suis enceinte ou que je le serai bientôt, je m'interdis ces pensées et c'est une blessure de tous les jours de me dire que c'est quelque chose qui m'est étranger, interdit. Quelque chose que (presque) toutes les femmes vivent sans se poser de question, le plus naturellement du monde. Un truc instinctif, naturel, qui arrive normalement sans qu'on y pense.
Je ne sais pas pourquoi mon corps refuse une grossesse. Je ne sais pas ce que je fais de travers. Je ne sais pas ce qui ne va pas, je ne sais pas quoi faire pour que ça marche. J'espère encore un miracle. J'attends parce que j'ai peur d'entamer des processus compliqués, lourds, déprimants, et qui ne marchent pas forcément.
Ce mois-ci est comme les autres. Ni plus, ni moins. Je n'espère plus rien, je n'attends plus rien, ça fait si longtemps que je pense à tout ça. Et pourtant, comment penser à autre chose ? Comment fermer les yeux sur les mois qui passent, l'angoisse qui monte, le désespoir qui grandit ?
J'ai peur.
Peur que ça n'arrive jamais.
Peur de devoir vivre avec cette douleur tout le reste de ma vie.
Je vous écris ça, et pourtant, je vais bien. C'est ça le pire. Je vis avec, je suis habituée à cette douleur que j'ai apprivoisée.
Ce soir je suis allée faire du shopping. J'ai acheté plein de jolies choses, je suis trop contente, deux petites tuniques, un joli petit pull ajouré à manches courtes, de belles sandales marron, un débardeur, deux petits ensembles de sous-vêtements pour dormir, et un blouson en jean un peu court.
Ca m'a pris comme ça, dans la journée. Me faire plaisir. Me faire du bien. M'occuper de mon corps pour être bien dans mon esprit.
Mais la peur est là, tenace. Je voudrais me réveiller de ce mauvais rêve, dans un monde où je n'ai qu'à décider et prévoir de faire un bébé pour tomber enceinte. Faire comme mes amies, planifier le mois de la conception pour que tout se goupille au mieux. Non, moi je ne planifie plus, j'attends. J'espère qu'un jour, même quand ce sera le plus mauvais moment possible, même là, je serai la plus heureuse du monde.
Je suis écoeurée par l'injustice de la vie.
Mais je ne peux que me taire et accepter. Courber l'échine et porter mon fardeau.