L'angoisse de séparation des 8-9 mois ou la déprime du nourrisson
Deux expressions très différentes pour désigner une réalité qui ne touche cependant pas tous les enfants : l'angoisse de séparation.
Kesako ?
Entre 6 et 10 mois, pour tous les enfants, et plus généralement autour du 9è mois, le bébé comprend qu'il est une personne à part entière. Il comprend qu'il a son propre corps qui est "fini", par comparaison avec les mois précédents où le corps de sa maman (ou de son papa) était pour lui comme le prolongement de son propre corps.
Et puis à partir de maintenant, il a compris qu'un "objet" qui sort de son champ de vision ne cesse pas d'exister. Sa maman donc, est distincte de lui et peut partir et revenir.
Cette prise de conscience est très angoissante chez certains petits. Pour Potam elle était passée à peu près inaperçue, mais il criait de toutes façons tellement tout le temps qu'il est tout à fait possible que nous ayons tout simplement mal interprété des cris... car rien ne ressemble à des cris que des cris, surtout quand vous n'en pouvez plus et manquez de recul.
Bébé Koala aussi hurle. Mais moins. Il est impatient, il est totalement intolérant à la frustration (s'il voit son bib et qu'il ne l'a pas dans la seconde dans la bouche il se met à hurler et à pleurer à chaudes larmes), mais lorsque tout va bien et qu'il n'est pas fatigué, il peut jouer, seul et sage, pendant un moment sans râler, ce qui était impossible pour Potam qui hurlait dès qu'on le posait.
En ce moment, depuis une petite semaine, en plus des hurlements lorsque je quitte son angle de vue (ou son père), il peut se mettre à pleurer lorsqu'un étranger essaie de lui parler (mais bizarrement avec d'autres il est tout content... il fait son tri...), et surtout il a beaucoup, beaucoup de mal à s'endormir. On dirait qu'il lutte contre le sommeil, alors que d'habitude il suffisait qu'on le pose dans son lit après son petit rituel et on n'entendait plus un bruit. Là, même crevé, il bataille, il crie et râle et pleure dès qu'il comprend que le rituel du coucher a commencé (dès qu'on arrive dans sa chambre et que je saisis la gigoteuse), et ensuite on en a pour un moment. Il lutte pendant une plombe, il se cambre, refuse les câlins sauf si on sort de sa chambre, là il retrouve immédiatement le sourire !
On a vraiment l'impression soit qu'il ne veut pas dormir, soit qu'il a peur (soit les deux, plus probablement). Et puis, à force de câlins, de bercements, de paroles douces ou de chansonnettes, il finit par sombrer, bien malgré lui...
Je n'ai compris qu'aujourd'hui, qu'il pouvait "tout simplement" s'agir de l'angoisse de séparation.
Parce qu'hier soir, je l'ai posé dans son lit hurlant (il hurlait et se débattait dans mes bras), et ensuite lui ai fait de douces caresses sur le crâne en lui parlant à l'oreille et ça l'a apaisé. Il s'endormait, puis se réveillait en sanglots une minute après. Ca a bien duré vingt minutes, mais il a fini par se laisser aller, de plus en plus facilement, dès que je reprenais mes caresses. Ca s'est mieux passé que d'habitude.
Et puis ce matin, j'ai dégainé l'écharpe alors que je ne l'ai jamais trop utilisé avec ce bébé. Je l'ai d'abord gardé dans mes bras deux bonnes heures, le posant juste quand j'avais besoin de mes deux mains, le reprenant ensuite, il a squatté mes bras et mes genoux avec délice, du coup c'est là que j'ai eu "LA" révélation. Il a besoin d'être rassuré, il a besoin de moi, beaucoup, passionnément, en ce moment.
Ben qu'à cela ne tienne, je serai là pour lui. Ca tombe bien, on a quatre jours en famille jusqu'à mardi, parfait pour faire le plein de câlins et de portage, et ensuite à nouveau un long WE la semaine prochaine, puis un très long pont la semaine suivante. Ca devrait le faire. J'espère arriver à le rassurer, le calmer, pour qu'il reprenne un peu d'autonomie.
D'ailleurs ce matin, après l'avoir beaucoup porté et câliné, puis avoir fait une grande balade dans les dunes avec Potam pendant que bébé Koala dormait tout contre moi dans l'écharpe, il a été beaucoup plus cool ensuite en rentrant, il a accepté d'être seul un petit moment dans le salon, il jouait et essayait de se hisser sur la table basse, il était plus détendu, plus souriant, et pour la sieste j'ai eu très peu de problèmes pour l'endormir, il a juste râlé deux minutes et a sombré calmement avec mes petites caresses.
Je crois que je tiens la méthode, après reste à supporter, et attendre patiemment que ça passe (oui parce qu'en parallèle il y a réveils intempestifs la nuit, en pleurs, et réveil très tôt le matin).
Donc en résumé : rassurer, calmer, porter, cajoler, autant qu'il a besoin et surtout, ne pas "l'obliger" à supporter une séparation en se disant que ça va l'endurcir. Je suis persuadée que plus on apporte d'amour et de présence aux enfants, plus grande sera leur autonomie affective ensuite (contrairement à ce que dit ma grand-mère, mais c'est pas de sa faute la pauvre, à l'époque on savait pas... Et vu la fragilité émotionnelle et affective de mon père et de ses frères, je me dis qu'heureusement que les pédiatres et la science en général sont passés par là...).
Un bébé Koala transformé en bébé Kangourou