Comme un ballon gonflé à l'hélium
A l'étroit.
Envie de muer, et de sortir de ce corps comme un papillon sort de son corps de chenille.
L'impression que tout n'était que de grands préparatifs à mon éclosion.
Ne sais pas par où commencer.
Sais que je ne vais pas y arriver.
Ai des envies d'éternel, d'universel, d'explosif, d'éclatant.
Un seul corps, une seule vie, ce n'est pas suffisant.
Etriqué, serré, angoissant, étouffant, ce corps unique, ce corps qui enferme pour l'éternité, ce corps qui est le mien pour si peu de temps, et je dois faire avec.
Un esprit dans un corps, quelle drôle d'idée. Il faudrait un esprit pour mille corps, un esprit pour tant de choses, comment se suffire d'une vie ?
Comment accepter de devoir faire des choix ?
Chaque choix enferme dans un seul possible mais j'en voudrais mille. Ne jamais choisir pour ne pas être enfermé. Ne faire que rêver pour ne pas devoir vivre une seule vie. Toutes les rêver au lieu d'en vivre une seule.
Chaque jour, cette dualité en moi. Etre comme tout le monde, à tout prix y compris ma santé mentale (Flora si tu me lis...), ou éclore totalement, brutalement, dire stop à toute ma vie mais pour faire quoi ? Pour être qui ?
Ce serait trop violent, trop irréversible, trop impossible.
Ecrire mes vies possibles pour ne pas avoir à les vivre.
Faire d'une vie normale et banale une vie extraordinaire, sans en changer les bases, est-ce possible ? Garder ma maison, mon homme, mes enfants, mon boulot, tout en l'état et y mettre de l'éclat au lieu de chercher l'éclat dans le tangible.
Mettre du feu, de la joie, de la couleur dans chaque rapport humain.
Mais c'est dur ! Mais j'y arrive pas ! Je retombe tellement vite, tellement lourdement, tellement bêtement dans la normalité !
Je voudrais faire de mes garçons des êtres exceptionnels et pourtant, je n'arrive pas à leur offrir autre chose que de la banalité.
Travailler mon originalité, assumer enfin ! ne plus me brider, toujours, mais pourquoi fait-on ça ?
J'ai un homme qui me remet (parfois brutalement) dans la grisaille de la normalité. Et pourtant heureusement. Si j'étais avec quelqu'un comme moi, nous serions ailleurs, nous serions fous. Mais maintenant qu'il m'a emmenée dans son univers, il FAUT que j'arrive à l'emmener à mon tour un tout petit peu dans mon univers, pour créer un réel équilibre un peu moins sage.
Parfois je m'ennuie dans sa normalité.
Mais elle me raccroche à la vie réelle. C'est comme si j'étais un ballon plein d'hélium prêt à dériver et qu'il était le lien qui me maintient à la terre ferme. J'ai envie parfois de couper le lien et de m'évader très loin, mais j'ai besoin de ce lien. Peut-être arrivera-t-on seulement à allonger un peu la bride... à donner un peu de mou pour me permettre d'aller un peu plus loin...