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Mon blog psycho
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8 décembre 2014

Acceptation, silence, oubli

Longtemps, très longtemps, j'ai vécu dans la révolte.

Révolte silencieuse toute mon enfance dans un apparent conformisme à toute épreuve, révolte du corps au début de ma vie d'adulte lorsque je cumulais crises d'angoisse, tachicardie, dépression et phobie sociale sans qu'aucun des médecins que j'ai consulté ne m'envoie voir un psy..., révolte sociale quand j'ai dit merde à mon mariage et à ma vie rangée (pour retrouver finalement une autre vie rangée... on en parlera une autre fois si vous voulez bien...)

Et aujourd'hui, je suis fatiguée de me révolter. Pourtant j'en ai des raisons. Tout me révolte, à commencer par l'absurdité de la vie quotidienne...

Mais comment pouvoir avancer sereinement, comment trouver l'apaisement avec ce feu de révolte permanent ?

Petit à petit, je me suis détachée de cette colère et incompréhension, de cette impression de devoir me conformer à quelque chose qui ne m'est pas destiné.

Vous connaissez le livre "quatre petits coins de rien du tout ?" c'est un livre pour enfant que Potam avait choisi à la bibliothèque, l'histoire d'un petit carré qui voulait entrer dans la grande maison avec tous ses amis les petits ronds. Mais il ne pouvait pas entrer car la porte était ronde et lui était carré. Très longtemps le petit carré a tenté de devenir rond pour entrer mais n'y est jamais parvenu. Et puis un jour, les petits ronds ont compris que ce n'était pas petit carré qu'il fallait changer, mais la porte. Et ils découpèrent quatre petits coins de rien du tout à la porte pour que petit carré puisse entrer.

Voilà. C'est l'histoire de ma vie ce livre, sauf que personne ne coupera quatre petits coins même de rien du tout pour que je puisse entrer, alors j'ai décidé de rester dehors.

Je me suis résignée.

Dans mon couple, d'abord. J'ai arrêté de vouloir qu'il me rende heureuse. C'était mission impossible, rien ni personne d'autre que moi-même ne peut me rendre heureuse alors j'ai décidé de le rendre heureux, moi. Parce que le Tigre il est comme ça : il est heureux s'il me voit souriante et douce, aimante et apaisée. Alors je le suis. Et ça ne me demande pas beaucoup d'effort. Je fais juste taire la révolte qui essaie de gronder en moi, et je laisse s'exprimer la partie douce, calme et en apparence équilibrée. C'est facile et ça rapporte gros.

La révolte, le feu, les questions auxquelles jamais personne ne pourra trouver de réponse, les remises en question incessantes de tout mon mode de vie, de mon mode de pensée, de mon équilibre quotidien, de mes choix de vie, c'est trop fatigant.

J'en ai assez de rêver à toutes les vies que je voudrais vivre et de devoir me contenter d'une seule si incomplète, avec autant de contraintes incompressibles qui me bouffent le cerveau. Mes rêves, mes passions, mon imagination, la beauté, sont relégués au second plan, après tout le reste qu'il faut faire, qu'il faut être. Et à force de ne plus avoir ni le temps ni l'énergie, tout ce qui est beau s'étiole petit à petit et disparaît de ma vie.

Ne reste que le quotidien. Ce truc si lourd avec autant d'inertie, cette masse plus grosse chaque année qui écrase, qui tue, qui ternit tout.

Je voudrais exercer mille métiers, avoir mille passions, lire mille livres, habiter mille régions... Ma petite vie si étriquée ne me le permet pas. Je pourrais encore me révolter contre tout ça, comme je me suis révoltée contre toute chose sociale à laquelle j'ai été confrontée.

Mais je ne le fais plus. Mon cerveau a dit stop, et me remercie de cette trêve, momentanée ou définitive je ne sais pas, que je lui offre.

Acceptation, silence, oubli.

Accepter la tristesse de nos vies. Accepter de n'avoir les moyens d'y mettre seulement trois ou quatre couleurs alors qu'on l'aimerait étincelante et multicolore.

Se taire lorsqu'on a envie de s'insurger. Laisser couler. Ne rien dire pour ne plus se justifier. Pour ne plus lutter pour se faire comprendre. Jeu vain et fatigant, souvent inutile.

Se taire avec les gens, se taire avec LeTigre, accepter que "dire" est un moyen trop peu fiable pour exprimer les choses trop profondes. Accepter la solitude absolue que les mots ne peuvent pas guérir, contre toute illusion. Accepter qu'il y a des choses qu'on ne pourra jamais dire. A personne, dans aucune circonstances. Qu'il faudrait une âme jumelle et que les mots de chacun veuille dire exactement la même chose, ce qui n'est pas possible parce que l'humain entend autre chose que ce que l'autre dit.

Oublier certains de ses rêves, oublier de penser, oublier les contraintes, oublier les blessures, les vexations, les frustrations. Avancer et oublier au fur et à mesure. Laisser la place dans le cerveau seulement à ce qui vaut vraiment le coup. La phrase blessante du Tigre, oublier. La journée pourrie, oublier. La fatigue, oublier (vous avez remarqué comme la fatigue se laisse oublier parfois ? Comme tout est dans le mental ? Comme la journée est différente quand on se réveille en se disant "trop bien, j'ai dormi au moins 6 heures !" de quand on se lamente "mais j'ai même pas eu mes 7 heures comment je vais faiiiiiiire ????").

Est-ce que tout ça est triste ?

Est-ce qu'on ne se perd pas en renonçant à autant de ce qui a fait notre existence ?

Non. Je ne pense pas. C'est sage. C'est se connaître et faire taire les parties les plus sombres de son MOI sans vouloir les supprimer. Les connaître pour les apprivoiser et ne plus en avoir peur.

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Commentaires
E
Si tout cela est vrai et que cette acceptation est réelle alors bravo je ne m'en sens pas (encore?) Capable...
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O
Coucou MamanFlo !<br /> <br /> Je te lis mais ne sais que te dire. <br /> <br /> Moi aussi, j'ai appris (surtout après la naissance de ma deuz) que le bonheur (j'ose ce mot) ne dépendait pas des autres ni même de mon conjoint, mais seulement de moi. <br /> <br /> <br /> <br /> Et oui tu as bien raison de venir écrire tout ça ici !<br /> <br /> <br /> <br /> Des bises !!! et continue à montrer toutes les couleurs de l'arc en ciel à tes petits bouts !
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L
Perso je te lis seulement depuis quelques mois (même si on se connait depuis déjà 10 ans) et pour la 1re fois je me permets un petit commentaire en premier lieu pour répondre à baba.<br /> <br /> Tes post reflètent ta vision de ta vie à un instant T tu les partages ici parce que tu en ressens le besoin et si baba considère que ce n'est que plainte et gémissement il serait tant qu'il/qu'elle passe son chemin. (Comme tu lui as justement fait remarquer)<br /> <br /> Concernant ton post il est évident que l'on est toujours seul mais je dirais que certaines personnes ont peut être une porte carrée qu'elles ont camouflée pour que les petits ronds n'aient pas peur d'entrer et crois un peu plus dans l'être humain montrer que tu es un petit carré va peut être permettre aux gens de décider de découper les petits coins à leur porte.<br /> <br /> Tout ça pour dire que petits ronds, carrés ou triangles peuvent communiquer le tout est de le faire sans juger et là dessus comme je te l'ai dit dans un MP tu peux compter sur moi.<br /> <br /> A tout bientôt j espère.<br /> <br /> Bisous à vous 4
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B
Ouh la la, ça sent le débat philosophique ! Florence, grâce à vous, je vais reconsidérer mes Spinoza en bibliothèque qui m'attendent gentiment.<br /> <br /> Ma florette, l'oubli, moi, j'y crois pas trop. Pour les choses graves en tout cas. Pour les petits tracas du quotidien en revanche, oui, certainement. Et heureusement d'ailleurs que notre cerveau fonctionne comme ça. Il serait encombré de choses bien inutiles sinon. Dans l'acceptation, il y a une forme de sagesse, mais dans le refus aussi ! Ah ah, ça y est, j'ai saoulé tout le monde. Allez, je m'arrête. Je me disais juste en attendant le métro ce matin pour aller au boulot que si je voulais, ma vie pouvait changer demain. Parce que je pourrais très bien me dire : ce matin, je ne me lève pas. Je ne vais pas travailler. Je démissionne et je pars m'installer comme religieuse dans un monastère en Israël.
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F
En tout cas, tu t'analyses très bien (trop?). Des bises!
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