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Mon blog psycho
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25 novembre 2014

Ce volcan qui couve

Ca fait longtemps que je n'en ai pas parlé.

Pour être honnête, ça fait longtemps que je n'y ai pas pensé.

La trève de la grossesse et l'accouchement, sans doute, où on repasse dans un mode animal, instinctif, où rien d'autre ne compte que le petit bout de vie qui grandit en nous, puis qu'on a dans les bras.

L'année dernière (il y a une éternité me semble-t-il), j'écrivais ce billet, dans lequel je vous parlais de mon sentiment d'être différente et inadaptée à notre mode de vie sociale.

Et dans les commentaires que vous y avez apporté, certaines ont ouvert une porte. Une porte qui n'est restée qu'entr'ouverte, parce que j'ai eu un peu peur de ce qu'il y avait derrière.

Ces commentaires parlaient des gens à haut potentiel, qu'on appelle aussi surdoués ou zèbres. Me faisaient entendre que peut-être, cette différence que je ressens si fort depuis toujours, cette sensation de ne pas être adaptée à ce monde, d'être à l'étroit dans cette vie, peut-être portait-elle un nom.

Ma première réaction a été de me dire "non je ne suis pas surdouée, c'est cool qu'on puisse penser ça de moi mais franchement, je n'ai rien d'une nana surdouée, j'ai raté mon parcours scolaire, n'ai pas fait de brillantes études et peine à suivre les intellos à la culture générale hyper développée, je serais plutôt sous-douée que surdouée". J'y ai pas cru.

Et puis, j'ai lu. Pas mal. Je n'ai pas acheté de bouquin parce qu'acheter un livre qui s'intutile "les adultes surdoués" ou quelque chose du même genre, ça fait prétentieux. J'ai pas osé. Par rapport au Tigre aussi, à qui je n'ai jamais parlé de ces questionnements. Mais, à la dérobée, quand j'étais seule, j'ai lu des sites ou des blogs ou des pages internet sur les gens à haut potentiel. J'ai découvert ce monde et j'ai été hyper émue.

Oui, émue, parce que j'ai découvert qu'il y avait des gens avec un cerveau aussi bizarre que le mien. Qui fonctionnent comme moi. Qui se sentent inadaptés comme moi. Qui ne savent pas se concentrer, comme moi. Qui s'ennuient au boulot, comme moi. Et tellement, tellement d'autres signes.

J'ai pleuré. J'ai réfléchi. J'ai revu toute mon enfance à la lumière de cette hypothèse. Et j'avoue que beaucoup, beaucoup de mes comportements et agissements ont trouvé un nouvel écho en moi. J'ai enfin compris, peut-être, pourquoi j'ai toujours été incapable de me concentrer et d'être présente à l'école. Pourquoi j'ai subi et survolé toute ma scolarité. Là mais pas là. Ailleurs. Ca m'a fait du bien de savoir que beaucoup de personnes à haut potentiel ne réussissent pas à l'école. Pour moi, quand on est surdoué, ou précoce, on sait lire avant tout le monde, on est brillant à l'école et on se fait forcément remarquer comme quelqu'un qui apprend vite et qui est hors-norme. Moi, non.

Je développerai un autre jour, certains aspects de ma personnalité parce que c'est long, c'est complexe, c'est passionnant aussi mais ça mérite bien plus qu'un simple post sur ce blog. Beaucoup de post. Ca mériterait un blog entier sur ce sujet ou un livre.

Du coup, je ne sais toujours pas. Je devrais trouver un psy spécialisé et aller faire des tests pour savoir. Ne pas rester dans le flou, dans le peut-être qui fait que mes questionnements restent illégitimes et que je ne peux en parler à personne. Déjà ici je trouve ça très difficile d'en parler tellement ça me paraît fou que moi, qui me suis toute ma vie sentie inapte à quoi que ce soit, moins bonne que les autres en tout, je fasse partie des gens "à haut potentiel". Alors en parler au Tigre, comment faire ??? Impossible... Et puis je crois qu'il ne comprendrait pas mes différences. Le fonctionnement différent de mon cerveau ne se voit pas. Je pense différemment de lui, je perçois les choses différemment de lui, mais il ne le sait pas, parce que j'ai appris à faire avec et que je n'ai pas l'air différente. Il me trouve un peu folle, un peu rigolote parce que parfois je me pose des questions qui lui font faire des yeux tout ronds ou se moquer de moi, mais il ne creuse pas.

Je ne sais pas pourquoi j'ai eu besoin de quelqu'un de si différent de moi.

J'ai réfléchi aussi à ça, parce que j'ai été mariée à quelqu'un dont je suis certaine, aujourd'hui, qu'il est surdoué. On se posait des questions existentielles ensemble, il était tout aussi décalé que moi, il comprenait mes questions dingues et mes angoisses, calmait mes crises d'angoisse et supportait mes insomnies. Avec lui j'étais libre de dire toute ma folie, et pourtant je n'étais pas heureuse.

Avec leTigre je tais cette partie de moi-même, sans la cacher mais sans non plus expliquer, et je me sens mieux. Lui, il a les pieds sur terre, il est rationnel, il a un mode de pensée simple (sans aucune connotation négative bien au contraire), il me canalise et me calme. Depuis que je suis avec lui je n'ai plus d'insomnie, alors que j'ai passé 25 ans de ma vie à avoir des problèmes de sommeil, des angoisses, des questions et des pensées par milliers qui m'assaillaient au moment de dormir. Aujourd'hui je me suis calée sur lui comme un boiteux sur une canne et j'avance dans la vie en me servant de son regard à lui. Comme s'il m'éclairait sur la façon de voir la vie, les choses, les gens. Je l'observe, je le questionne, et il m'apaise.

Parfois il a des réponses tellement simples et évidentes à mes questions biscornues... Il me regarde comme si j'étais un peu folle (mais c'est le cas) et me répond "mais Flo, c'est comme ça, c'est la vie, tu ne peux pas changer ça, accepte-le et ça ira mieux !".

Parfois je me dis que je tue un peu ma personnalité à ses côtés. Et d'autres fois qu'au contraire il m'aide à avancer.

Objectivement, je vais mieux depuis que je suis avec lui. Je dors bien, je n'ai plus de crise d'angoisse, j'accepte la vie avec beaucoup plus de sérénité, beaucoup plus de philosophie.

Je sais qu'il faut que j'aille faire les tests pour savoir. Mais je me heurte à tellement de choses, et en tout premier au fait que les psy ne courrent pas les rues par chez moi et ceux spécialisés dans les surdoués qui s'occupent aussi des adultes, encore moins. Alors je ne sais pas qui aller voir. J'ai peur de voir quelqu'un qui ne comprenne pas ma démarche et ne me fasse pas passer les tests les plus complets et les plus fiables.

J'ai un peu l'impression d'être mieux adaptée aujourd'hui qu'avant. Ma différence me fait moins souffrir. Et en même temps, j'ai l'impression que je me suis perdue un peu. Je regarde ce que je suis devenue et je remarque que ma vie est terne, sans relief, que ma folie et mes passions se sont tues et couvent comme un volcan qui va exploser un jour. Ca me fait un peu peur. Peut-être que ça n'explosera jamais, peut-être qu'un jour je vais complètement péter les plombs, ou peut-être est-ce qu'un jour, j'arriverai à dégager tout ce feu et toute cette folie pour en faire quelque chose et la canaliser.

Je ne sais pas et j'ai peur.

Je n'ai pas envie d'y penser mais ça me rend triste de ne plus y penser.

L'impression de ne plus penser à rien. De ne plus utiliser qu'une minuscule partie de mon cerveau, comme on utilise une minuscule partie de son ordinateur quand on ne l'utilise que pour cliquer pour commander un nouveau lave-linge.

L'impression que la vie est devenue simple, reposante. Mais trop simple, trop reposante. Comment arriver à concilier un jour autant de contradictions ?

 

 

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Commentaires
E
Première fois de ma vie que je poste ( sur un blog, sur Internet). J en suis aussi, et curieusement je l ai toujours su et accepté. Je vis cette particularité dans une melancolie douce et resignee, Je deteste y penser, et je fuis generalement tout ce qui s y rapporte. Et pourtant, j ai lu ce billet, et j ecris. Aujourd'hui hui, j ai 31 ans. Après un parcours scolaire ultra brillant, des études supérieures gâchées façon "névrose d échec", le sentiment d avoir vécu mille vies à travers mille Moi, j ai réussi à sauver non pas les meubles, mais l abattant des toilettes (c'est mieux que rien). Je suis infirmiere ( de nuit, évidemment), mariée avec un homme très sensible, adorable, ultra aimant, hyper normatif, qui ne comprend rien a ce que je suis mais qui l accepte totalement. J oscille entre des envies d ultra normalité, le besoin de faire qqch d exceptionnel, la conviction que je ne ferai jamais rien, la tentation de m y résigner, l incapacité de l accepter.... Je suis fascinée par le temps qui passe, par la Vie qui nous traverse, je recherche et vois partout la Beauté.... Et à côté de ça je me tape en redif les Reines du shopping en rêvant de posséder la creme anti cellulite Sisley à 170€. Je lutte le plus possible pour penser le moins possible. Un jour, tout ça sera fini, très loin, et ça me console et me désespère. Pardon pour cette breve apparition et merci infiniment à tous ceux qui auront su me voir d exister.
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M
bonsoir Florence..Je te suis déjà depuis bien longtemps...ton post m'in terpellée: j'ai été détectée enfant surdouée à 4,5 ans, j'etais en décalage, punie en maternelle si je posais une question qui n'était pas digne d'une enfant de 4 ans!!(évidemment, je souffrais en silence, je n'osais l'avouer à mes parents!!) et mes parents n'ont rien fait!! ils ont détecté mon mal être, on a consulté et ils ont eu leur diagnostic: enfant surdouée!! ça c'est arrêté là et je me suis murée dans une tristesse infinie..l'impression d'être à part, incomprise, folle?! j'ai envisagé cette option...une scolarité moyenne car j'etais décalée, oui, c'est bien le mot!! je me suis tj mieux entendu avec des personnes plus âgées, mon mari a 27 ans de plus que moi et il est extrêmement brillant (je me sens débile à coté ;-) ) et notre entente est si évidente (mais nous n'aurons jamais d'enfant, c'est pour ça que je connais ton blog, bref)..aussi, je ne peux que te conseiller de consulter un psychothérapeute qui te fera passer des tests QI(ou pas, tu verras) mais de parler, de ne pas rester emmurée, tu dois te libérer, je sais trop ce que c'est, comme souffrance...bien à toi
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K
Merci Stéphanie pour tes commentaires super intéressants. <br /> <br /> Anonyme, je prendrais volontiers le nom de ta consoeur de Lyon ? C'est trés précieux ces personnes... <br /> <br /> Merci<br /> <br /> Koa
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A
Je te lis depuis longtemps sans avoir jamais commenté. Je me permets aujourd'hui de partager mon point de vue car je connais le même "problème" que toi. Déjà je déconseille de passer un test de QI qui n'a AUCUNE valeur. Par contre consulter un psy spécialiste de la question: oui. Ou alors si tu passes un test de QI, il faut trouver un psy qui ne s'attache pas aux chiffres mais aux significations psychologiques des tests et à ce que ça révèle sur la façon de fonctionner du cerveau. Il me semble que tu es originaire de la région de Lyon. Si ça t'intéresse, je peux te donner le nom d'une psy qui est dans le 2ème arrrondissement.<br /> <br /> Je te recommande également un livre (si je ne devais en retenir qu'un sur le sujet ce serait celui-là): "je pense trop" de Christelle Petitcolin. Peut-être que tu le connais déjà. Le titre ne te donneras pas l'impression d'être prétentieuse, et vraiment il permet de comprendre comment tu fonctionnes de façon à la fois très simple et approfondie.<br /> <br /> A ta disposition et bon courage dans ta "quête de toi"!
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S
Ah oui (encore pardon pardon) pour le côté "prétentieux", c'est aussi un bon vieux fond de sexisme qui veut toujours que les femmes soient modestes. Il y a beaucoup moins de femmes à HP qui sont dépistées parce qu'elles apprennent d'elles-mêmes à ne pas se mettre en valeur. Même si tu voulais tu ne pourrais pas perdre 10 cm si ? C'est une inscription génétique qui s'est traduite physiquement pendant ta croissance. Ben là c'est pareil.
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