Dépassée...
Mon cerveau et mon corps sont dépassés.
Trop de choses à penser, trop de choses à faire, et mon cerveau rempli d'hormones de grossesse, mon corps diminué, ne suivent plus.
Je voudrais m'allonger dans un transat avec un bouquin.
Je voudrais prendre -seule- un bon bain chaud dans ma grande baignoire sans que personne ne vienne me déranger, sans contrainte horaire, sans nain qui vient me voir, avec un magazine à deux balles genre "parents" ou "neuf mois".
Je voudrais tout oublier, les difficultés financières (jamais autant attendu la paie), les dizaines de cartons qui traînent, les vêtements dans des sacs de voyage à défaut d'avoir monté l'armoire, le boulot où il va falloir retourner pour préparer mon départ, les démarches de changement d'adresse à la Poste, de remplissage de cases pour les vacances d'été de la crèche, d'inscription du deuz à la crèche alors qu'on ne connaît pas encore les horaires de l'école (réforme des rythmes scolaires suspendue ici, en attente pour la rentrée), la chambre du deuz à peindre et à préparer, toutes ces choses à changer dans la maison, appeler la maternité (qui ne répond jamais) pour prendre RV pour mon suivi du 8è mois en juillet, appeler les sages-femmes de la préparation à l'accouchement pour visiter la maternité bientôt, appeler la pédiatre qu'on nous a recommandé pour Potam qui ronfle beaucoup alors qu'il n'est pas enrhumé, qui a toujours le nez pris et depuis peu la voix cassée.
Et je suis incapble de faire tout ça, de penser à tout ça.
Ce gouffre qui sépare mes pensées de ce que je suis capable de faire, m'effraie. Je n'arrive pas à le gérer.
Assaillie par des contingences matérielles obligatoires, je ne trouve même pas le temps de me reposer vraiment.
Le matin, quand je me suis levée à 7h15, habillée, occupée de Potam, oublié de prévoir les 10 min en plus pour qu'il fasse son caca sur le pot, que je l'ai emmené à la crèche, je rentre à 9h15, épuisée. La journée a à peine commencée et déjà je suis essouflée, déprimée, avec le ventre qui tire.
Il fait bon et je pourrais l'emmener à pieds, et pourtant, une fois sur deux, je prends la voiture parce que je n'ai pas le courage de marcher...
Faire des courses est devenu une épreuve, j'essaie d'y aller sans Potam sinon c'est tout simplement impossible, je n'ai plus l'énergie.
Mon cerveau voudrait à la fois finir de ranger, aménager, mais en même temps avoir le temps de me reposer, faire à manger autre chose que jambon-coquillettes, tenir ma nouvelle maison propre, et je n'y arrive pas.
Je rends les clés de l'anciennce maison samedi matin, et il faut encore y retourner pour le ménage et aller chercher les dernières fringues dans les placards. Mais pour ça, il faut que je vide mes sacs de fringues et je n'ai pas encore de quoi les ranger.
Je suis en arrêt pour me reposer et je ne me repose même pas. Je ne sais pas depuis quand je n'ai pas dormi jusqu'à plus de 7h15 le matin. Je ne m'en souviens pas. Pas de répit, jamais. Pas de WE, pas de vacances, il faut assurer, tous les jours. C'est ballo, le Tigre avait prévu de me laisser dormir hier matin pour la fête des mères. J'en rêvais. Une grasse-mat, une seule, aucune contrainte horaire, pouvoir me lever quand je veux. Malheureusement Potam nous a rejoint dans notre lit à 7h15 comme d'habitude, mais là, il s'est rendormi. En ronflant. Très fort. Dans mon oreille. Jusqu'à 8h45. On n'a pas pu fermer l'oeil ni l'un ni l'autre, et ensuite bien sûr, trop tard pour essayer de me rendormir.
Je voudrais pouvoir prendre du recul.
Me dire "le plus important c'est de me reposer, le reste attendra". Oui mais non. Car il y a des choses qui ne peuvent pas attendre, et puis dès que j'ai un peu d'énergie, je m'active. Et ensuite je suis épuisée. Alors je me pose 15 minutes. Et puis je me sens mieux et je m'active à nouveau. Et le soir je suis pliée. Et la nuit je dors mal. Et le matin je suis KO.
J'ai hâte que le bébé arrive pour retrouver l'usage de mon corps. Et en même temps j'ai bien besoin de ces deux mois et demi pour préparer son arrivée.
On n'a toujours pas de prénom, et même encore moins qu'avant. On hésite beaucoup entre trois, mais moi y en a qu'un qui me plaît vraiment dans les trois, et j'hésite toujours, je ne suis pas sûre. Quand je le prononce ça me fait encore bizarre. J'ai pas envie de me planter, pas envie que ce prénom puisse nuire à mon enfant qui n'aimerait pas le porter.
Tout me prend la tête. Tout tourne en boucle sans arrêt et rien ne se résoud, les jours passent et les problèmes persistent.
Et je sais bien qu'au fond, il n'y a rien de grave. Mais mon cerveau ne veut pas l'entendre.