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Mon blog psycho
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6 février 2014

Solitude

Je me suis replongée ces derniers temps (depuis que mon état physique s'est amélioré) dans les questions existentielles.

Je n'en ai pas encore reparlé ici mais ça me prend de l'énergie. Beaucoup d'énergie, et une grande question : ai-je vraiment ENVIE de découvrir qui je suis ?

Tant d'années à me camoufler inconsciemment, à me conformer, à entrer dans les moules coûte que coûte car je pensais que c'était ce qu'il fallait faire. La seule chose à faire. La seule solution, pour s'intégrer dans ce monde. Ce camouflage, c'est VRAIMENT devenu moi, je crois.

Je veux dire, je ne sais pas quelle est la limite entre le vrai moi, le moi initial et le moi social. A quel point cette mise en conformité, ce reset de tout ce qui était "non conforme" ou "hors norme", cette réinitialisation totalement inconsciente la plupart du temps, à la limite de la conscience à d'autres moments, totalement consciemment dans de rares (et récents) cas, n'a pas engendré un nouveau moi qui est VRAIMENT devenu moi.

Qui est-on, en réalité ? Est-on ce qu'on s'est construit, avec ce qu'on a appris, avec nos expériences, dans le monde social actuel, ou est-on profondément ce qu'on cache de soi loin profond à l'intérieur ?

Quel intérêt d'aller chercher tout ça ? Pour qui ? Pour quoi ?

Dès que je pense à mon enfance et à ce que j'ai refoulé toute petite, je pleure. Les larmes coulent et je suis partagée entre l'envie de TOUT dire et de TOUT pouvoir enfin expliquer, et le besoin de continuer comme je suis parce que c'est la seule manière que je connaisse aujourd'hui pour continuer à avancer.

Je me souviens de deux rêves que je faisais régulièrement, gamine. Deux rêves totalement angoissants. J'avais six ans. J'en ai un souvenir tellement douloureux que je me souviens de ces rêves d'enfant comme s'ils étaient encore REELS.

Dans le premier (peut-être dès 4 ou 5 ans), j'étais dans une pièce carrée et blanche, enfermée, seule avec des adultes qui enflaient, gonflaient, devenaient des bibendum gris et monstrueux qui prenaient toute la place, qui m'étouffaient, qui me terrorisaient, qui n'arrêtaient pas d'enfler jusqu'à l'étouffement car j'étais seule, petite, au milieu d'eux, je criais et personne ne me voyait.

Dans le second, plus simple, j'étais en haut d'une tour et je tombais dans un escalier en colimaçon en pierre, un escalier noir et froid qui faisait peur, la chute était interminable. Je refaisais ce rêve quasiment tous les soirs et j'avais peur d'aller me coucher car je savais que j'allais tomber dans l'escalier.

Je n'ai jamais raconté ces rêves, ni à mes parents ni à ma soeur.

A six ans, j'avais conscience que les adultes, et mes parents en particulier, ne pourraient pas m'aider. Je savais que j'étais seule. J'ai expérimenté la solitude et la peur toute petite, avec cette conscience aigüe qu'il fallait que je sois forte pour m'en sortir seule.

Et je pleure encore.

Ces deux rêves sont emblématiques de mon enfance. De ces deux cauchemars, je me suis sortie seule. Je les ai affrontés, chaque soir, avec la ferme intention de les déjouer dans mon sommeil. Et ça a marché. Je me souviens que pour l'escalier, en m'endormant je me disais "cette nuit je sais que je vais tomber, ce n'est pas grave, ce n'est qu'un rêve, je vais essayer de retenir ma chute avant d'arriver en bas". Et nuit après nuit, je suis tombée un peu moins loin, jusqu'au jour où je suis arrivée à anticiper la chute dans mon sommeil et à retenir mes jambes pour qu'elles aillent tout doucement et descendent marche après marche sans tomber. Je n'ai jamais vu ce qu'il y avait en bas de l'escalier. Après ce jour, je n'ai plus jamais fait ce rêve.

J'avais six ans et je savais me débrouiller toute seule.

Ce jour-là j'ai su que les adultes ne me seraient jamais d'aucun secours.

Depuis, je suis seule.

Toujours seule face aux autres, seule face à mes parents qui ne savent pas vraiment qui je suis car je joue une comédie, un rôle depuis que j'arrive à m'en souvenir. Comme ce jour où j'ai reçu à Noël mon premier vélo, mes parents étaient si contents de lire la joie sur mon visage, je me souviens de ce soir de Noël où je me suis dit "je vais leur offrir un peu de joie, ce soir" et j'ai traîné, exprès, pour découvrir le vélo à peine caché derrière le sapin. J'ai fait durer leur plaisir et j'ai feint la surprise alors qu'à peine le seuil de la porte franchi, je l'avais vu et je savais qu'il était pour moi...

Mais n'est-on pas tous toujours seuls ?

Je me sens incomprise depuis toujours, mais n'est-ce pas le cas pour tout le monde ?

Et moi, est-ce que j'ai vraiment envie de découvrir TOUT ce qui se cache derrière ce masque ? Est-ce que j'ai envie d'enlever ce masque ? Et comment ça va se passer dans mon boulot, dans mon couple, dans ma famille, si je leur offre mon visage nu sans le masque, du jour au lendemain ? Vont-ils me reconnaître ? Vont-ils me croire et essayer de me connaître ? Vont-ils comprendre ? Ne vont-ils pas se dire que je fais ma petite crise de la trente-cinquaine et que ça me passera ?

Je ne sais pas.

La seule chose que je sais, c'est que mon fils est comme moi et que je ne veux pas qu'à cinq ou six ans, il se dise qu'il ne pourra jamais compter sur moi.

Je veux savoir être là pour lui, même si c'est compliqué, même si ça demande de se remettre en question.

Peut-être que pour lui et seulement pour lui, je peux faire ce travail psy. Pour savoir qui j'étais petite pour comprendre qui il est.

J'ai lu dans ses yeux quand il est né. Je l'ai reconnu. J'ai reconnu ce regard, j'ai su dès les premières semaines qu'il était comme moi. Qu'il avait pris cette folie, cette curiosité, cette hypersensibilité et dès le début je lui ai promis de lui apprendre tout ce que je pourrais sur la vie. Je ne veux pas faillir à cette mission, la plus belle et la plus importante qui soit. Mon fils a de la chance d'être né à une époque où on cherche vraiment à comprendre et à aider les enfants.

Si seulement quelqu'un avait essayé de me comprendre, on aurait pu m'aider, peut-être...

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Commentaires
C
Wouaw..... Tu sais ce qui m'impressionne le plus dans tout ce que tu décris...? C'est qu'à six ans, tu aies réussi à "déjouer" toute seule et sans aide extérieure un mauvais rêve.... Tu devais déjà avoir une sacrée force de caractère !<br /> <br /> Tu sais, moi aussi, je me suis toujours sentie différente des autres.... et encore aujourd'hui, j'ai du mal à entrer dans certains "moules".... C'est bien simple : je n'y entre pas ! Je ne fais jamais rien comme tout le monde, moi.... et j'ai bcp de mal à faire semblant !<br /> <br /> Finalement, peut-être que tout le monde se sent différent....? Je ne sais pas.... En tout cas, ton article me parle bcp !
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A
Finalement tu as déjà fait une part du chemin... Il ne s'agit pas tant d'enlever ton masque aux yeux des autres mais de savoir, toi, qui tu es vraiment, et visiblement tu en sais déjà pas mal. Après, il vaut mieux garder le masque selon les situations sinon ça risque d'être invivable. Tu restes la même, mais de creuser tout ça ça peut booster la confiance en soi et donner des explications à certaines choses.<br /> <br /> Moi je viens de vivre ce qu'écrit Cicile par rapport aux parents. Ca fait mal de réaliser, mais je me rends compte que j'étais encore pleine d'illusions sur eux. Ils ont renié mes particularités, bien qu'ils en aient été conscients. Ils n'ont jamais vraiment cherché à me comprendre, et il ne m'ont pas apporté l'écoute attentive et la protection dont j'aurais eu besoin, bien qu'ils soient à leur manière "aimants". Mais j'avais un tel besoin d'amour et de reconnaissance que je continuais à m'accrocher désespérément à leur regard et essayer qu'ils comprennent. Je viens donc de traverser une phase de colère intense à leur égard. Je n'ai pas coupé les ponts avec eux loin de là, mais maintenant les choses sont claires dans mon esprit. Pour moi c'est cette partie-là qui a été douloureuse. Toi tu t'es rendue compte de ça très tôt, donc ça fait ça de moins à traverser... Et comme tu le dis, c'est tout bénéfice pour ton Potam, on ne reproduira pas ça.
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M
C'est étrange. Ce matin, lors d'un appel de Monsieur Papa qui est au boulot, j'ai craqué. Quand c'est l'heure de faire la fête de jours durant (bonjour les 2 mois de carnaval) pour tout ton entourage et tes proches et que toi tu restes sur le carreau, et que personne ne semble comprendre à quel point tu as les boules, et combien les moqueries soi-disantes dites pour détendre l'atmosphère peuvent blesser et te ramener dans le fond du trou...<br /> <br /> <br /> <br /> J'ai pleuré, et je pleure encore. Parce que ce "souci" de "je dois être celle qui reste à la maison pendant que tout le monde va s'amuser et me racontera ces jours fabuleux sur l'air du dommage que tu n'y étais pas" c'est la partie visible de l'iceberg.<br /> <br /> Au fond, qui sait vraiment ce qui me rend heureuse? Qui s'intéresse et s'est un jour intéressé à qui j'étais? A part ma maman, qui n'est plus, et qui était la seule à deviner mes angoisses, mes aspirations, mes rêves et mes faiblesses. Mon papa, parfois, mais lui met tant de fierté à dire que tout ce que je fais est bien, qu'il en perd parfois l'objectivité.<br /> <br /> <br /> <br /> Aucun des hommes qui a partagé ma vie n'a cherché à savoir. J'ai, de ma seule faute, toujours cherché à faire plaisir, cherché à combler, rendre heureux, pour mieux garder l'être aimé auprès de moi, je ne me voile pas la face. Avec tout le succès que l'on sait...<br /> <br /> <br /> <br /> Ce jour, Monsieur Papa sent bien que je suis malheureuse, malgré tout, malgré elle, malgré notre future union civile (un énorme pas pour lui). Mais quand on en parle, il n'arrive pas vraiment à m'écouter, car être impuissant face à la douleur et le mal être d'autrui ça fait flipper, aussi.<br /> <br /> <br /> <br /> Petite je m'inventais des vies. En grandissant j'ai continué à le faire. Mais au fond de moi, je suis si différente de l'image policée que j'offre au monde. <br /> <br /> J'ai sans doute besoin d'un psy. J'en ai vu, quand j'étais réellement au fond du trou après la mort de maman, suivie de près par mon 1er divorce. Mais sans doute n'ai-je plus envie de me confier, peur de l'image que je renvois? De celle que je cache?<br /> <br /> <br /> <br /> C'est si compliqué. Ma fille, si extravertie, si volontaire, je l'espère bien loin de mon mal être. Mais je ferai tout pour qu'elle puisse être elle, et l'écouter (même si je sais que chez moi on a toujours essayé de m'écouter).<br /> <br /> <br /> <br /> Je t'embrasse.
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C
Ton texte m'interpelle, car moi aussi, petite, je me suis souvent sentie incomprise, et pas comme les autres, mais comme tu le dis, n'est-ce pas un sentiment normal lorsque l'on se découvre soi-même, et le monde qui nous entoure (et qu'on est curieux...) ? A la différence de toi, j'ai le sentiment d'avoir été écouté par mes parents, et qu'ils m'ont donné les réponses que j'attendais (enfin en partie)... A te lire, j'ai le sentiment que ce sont peut-être tes parents qui n'ont pas eu la "bonne" attitude (alors attention, je ne jette la pierre à personne, déjà parce que je ne les connais pas et ne connais pas ton histoire, mais aussi parce que chacun réagit avec son passé, ses capacités, son vécu, et qu'ils ont certainement voulu faire du mieux qu'ils ont pu malgré tout... mais bon, comme je le disais, je ne connais pas votre histoire), et c'est criant dans ce que tu décris que tu n'avais pas l'écoute nécessaire, et que tu ne pouvais chercher les réponses qu'en toi, et que c'est dur, ça quand on est enfant... Tu es et sera toujours très à l'écoute de ton Potam, et je suis sûre qu'il ne vivra pas les choses comme toi tu l'as vécu !
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