Dualité
Coexistence de deux états d'esprits extrémistes antinomiques...
Certains jours, je suis profondément persuadée que l'amour pour toute la vie existe, que je veux vieillir aux côtés du Tigre et que je l'aimerais même vieux, moche, imberbe (c'est vrai vous avez remarqué ? Les hommes deviennent imberbes en vieillissant...) (ah, nous aussi ??? cooooooool), les pec tombants, impuissant et édenté (ça fait envie). Je me sens forte, stable, prête à supporter les frustrations, les rêves et les envies, je me vois bien élever mon fils grandissant entre ses parents qui s'aiment et savent avoir la sagesse d'oublier les petits tracas du quotidien pour n'ouvrir les yeux que sur l'amour, l'esthétique, le grand et le spirituel. Je me dis que je saurai garder à l'esprit que la quête de la passion est vaine et destructrice, que j'aurais appris de mes erreurs et que je préférerais toujours le morne quotidien avec mon âme soeur, que l'éphémère passion avec un inconnu que j'oublierai en quelques mois.
Je nous vois vivre tous les trois pas loin de la mer, une petite vie tranquille mais équilibrée, heureuse, avec des loisirs et des passions qui allumeraient des flammes dans nos yeux, avec des amis qu'on recevrait, des causes qu'on défendrait, des associations qu'on aiderait. Des repas en famille, des devoirs le soir, des nuits à discuter à deux, inquiets pour l'avenir de Potam qui rentrerait bourré à 5h du matin, des soirées devant la cheminée, des WE entre amis, des balades sur la plage et des activités extra-scolaires, des petites amies qui défileraient, LeTigre qui écouterait à la porte en espérant que son fils a conclu, des voisines qui viendraient à l'improviste boire un thé pour papoter le samedi après-midi.
Et puis, d'autres jours, j'angoisse. Cette perspective m'effraie, j'ai peur d'étouffer, de me sentir oppressée. Un sang bouillonnant d'allégresse et de liberté coule dans mes veines et lorsqu'il parvient au cerveau, c'est un feu d'artifice de désirs et d'ennui en même temps. D'insatisfaction. Cette certitude de ne pas vouloir me contenter du banal, du gris, du plat. Je veux des montagnes russes. Je veux de l'éclat, de la lumière, de la musique, de la danse, de l'amour et de la passion. Je veux rencontrer, découvrir, être surprise, étonnée, émue, m'oublier pour pouvoir ouvrir chacun de mes sens à la beauté du monde. Vivre seule, être libre, rencontrer des gens passionnants, nouer des liens sans créer de chaînes, pouvoir ressentir sans effrayer, aimer sans contrepartie, partager sans séduire.
Je voudrais être libre avec d'autres esprits libres, affranchis de certaines règles sociales, échanger avec des personnes qui se sont élevées au-dessus des clichés, au-dessus des idées toutes faites, des personnes qui écoutent sans juger, qui ouvrent leur coeur avec passion, qui donnent tout dès le premier regard sans rien vouloir en retour, juste partager, ressentir, échanger.
Pourquoi dès qu'on a des discussions qui sortent un peu de l'ordinaire banal avec quelqu'un d'un autre sexe, y a-t-il toujours des sous-entendus et de la séduction ? Quand j'ai échangé par mail avec "le beau cadre sup", c'était intéressant. C'était riche. C'était agréable. C'était un échange qui apporte quelque chose entre deux personnes qui n'ont pas besoin de beaucoup de temps pour faire tomber les préjugés et les règles de la société. Et ça a dérapé. Comment faire pour continuer à échanger des choses vraies avec des personnes de l'autre sexe sans tomber dans la séduction physique ?
Suis-je vraiment aussi naïve que le dit LeTigre ?
Est-il vraiment impossible de partager cette liberté de penser et cette liberté de l'esprit ? Les hommes mettent-ils vraiment tous de la séduction dans tous leurs rapports avec les femmes ?
Parce que moi je me disais (naïvement sans doute...) que dans le meilleur des cas il faudrait pouvoir conjuguer ces deux façons de voir la vie. Vivre en couple et en famille, avoir une vie "rangée" mais savoir se créer des passions et savoir partager avec d'autres personnes, étrangères au cocon familial, en toute liberté sans séduction, juste du partage intellectuel. Est-ce possible ? Je pense que oui, mais cela implique une grande tolérance pour celui qui partage cette vie.
Si je choisis cette vie "parfaite", l'équilibre idéal entre la raison et la passion, il y a deux conditions : que les personnes que je rencontre soient suffisamment libres pour partager sans chercher à séduire, à conquérir, à détruire.... et que LeTigre soit suffisamment tolérant pour me laisser avoir une vie dont il ne maîtrisera pas tous les rouages, à l'extérieur du cocon familial.
Difficile de lui demander ça. Ca implique une bonne dose de confiance et de tolérance. La contrepartie, c'est qu'il s'assurera d'avoir à ses côtés une femme heureuse... c'est tentant, non ?