Dernier jour ici

Dernier jour de boulot ici.

Ce matin, quand le réveil a sonné, je me suis levée vite, comme d'habitude. Et puis j'ai réalisé. Et je me suis rallongée. Je me suis dit "non non, pas comme d'habitude. Aujourd'hui, c'est le dernier jour que mon réveil sonne à cette heure-là, que je me lève dans cette maison-là pour aller à ce boulot-là".

Et depuis, je n'arrête pas de voir des "dernières". Comme pour être sûre de fixer mes souvenirs, de ne pas laisser couler ces heures comme ont coulé les autres avant elles, comme pour me créer des souvenirs ineffaçables.

Dernière fois que je fais ce trajet dans ce sens-là.

Dernière fois que je me gare dans ce parking.

Dernière fois que je monte ces marches et traverse tout le couloir en disant bonjour à droite et à gauche (un peu, parce qu'en ce pont du 15 août, il n'y a pas grand monde).

Dernière journée que je passe avec le-beau-cadre-sup.

On a beaucoup parlé, mercredi, à son retour de congé. Mis des mots sur ces regards pleins de sous-entendus. Et ça fait du bien. On a clarifié la situation, il sait qu'il me plaît, je sais que je lui plais, mais on sait aussi qu'il n'y aura jamais aucun acte, aucun geste déplacé. Et ça fait du bien à ma conscience, car objectivement, ce petit jeu de séduction qui s'est amplifié depuis que les jours à se croiser sont comptés, n'est pas bien méchant. Pas de conséquence, pas de mauvaise conscience à avoir, juste un mec et une fille qui se plaisent mais qui ont chacun leur vie. Et ce soir, quand je partirai, je sais qu'on ne se verra plus. Et je sais que si je ne partais pas, on ne se serait pas parlé comme ça, on aurait laissé les regards rester des regards et fait chacun attention à ce que ça ne dérape jamais. Là, il n'y a pas trop d'enjeu car on ne se verra plus alors on s'est accordé un moment de franchise et de transparence hyper agréable. Parler avec un homme qu'on connaît à peine, de choses assez intimes, voir qu'on est sur la même longueur d'ondes, voir qu'on se comprend, c'est sympa et ça fait plaisir. Quand les choses sont claires pour l'un comme pour l'autre, ça reste uniquement des moments de partage avec une personne qu'on apprécie, et c'est rare dans les relations professionnelles, où on se contente souvent de discussions superficielles.

Bref, je suis super contente de la façon dont ça se termine, j'ai à la fois eu un peu d'adrénaline mais rien à me reprocher (à part quelques pensées, mais j'ai toujours pensé que les rêves et les fantasmes n'étaient pas répréhensibles. Ils nous construisent, ils créent du rêve, et pour moi en tout cas, cette petite part de rêve dans ma vie est indispensable).

Sa présence va rendre ma dernière journée un peu plus agréable, un peu moins ennuyeuse.

Ce soir, je finirai de remplir mon carton avec mes affaires personnelles, je dirai au-revoir et ne me retournerai pas. Je clôturerai 5 ans de ma vie, et rentrerai chez moi la tête pleine de souvenirs, bons et moins bons, de moments qui, quels qu'ils soient, m'ont construite et ont fait de moi celle que je suis aujourd'hui, bien différente de celle que j'étais il y a cinq ans...

Comments

[marlysa]

une page se tourne... Bientot une nouvelle vie :)

[Elsa Ouf]

Oui, j'y ai passé pas mal de temps ! Je suis en vacances (on a d'ailleurs des points communs, je suis aussi dans la fonction public : je suis prof de maths. D'ailleurs, d'une façon générale, je me retrouve beaucoup dans ce que tu écris).



J'attends avec angoisse le résultat du spermogramme de mon amoureux et c'est comme ça que je suis arrivée sur ton blog : j'ai lu je crois en premier un article sur ta soeur qui apprenait que son homme a une azoospermie.



Pour mon premier, pas de pma (je n'étais pas avec le même homme), ça avait marché assez vite. Et là, on commence vite la pma car mon homme doit prendre un traitement pour une maladie qu'on lui a découvert juste après qu'on commence les essais et le traitement peut donner des malformations foetales. Du coup, la spécialiste qui va le soigner nous a donné l'autorisation de faire notre bébé avant le traitement mais à condition que ça aille plutôt vite. Et évidemment, ce n'est pas le cas. On risque de recourir à la congélation de sperme et insémination pour moi ensuite.



J'espère que tu te fais bien à ta nouvelle vie.

On devait pas habiter très loin l'une de l'autre quand tu étais en région parisienne : je suis au centre de la seine et marne.



En tous cas, j'aime beaucoup tes articles et ta façon d'écrire.



Bises

[Elsa Ouf]

J'aime beaucoup ton article. J'ai découvert ton blog il y a quelques jours et j'ai (presque) tout lu.

Ce que tu vis en ce moment est difficile, je me souviens avoir vécu ce genre de choses après la naissance de mon fils. Avoir un enfant perturbe beaucoup la place de chacun dans le couple, il faut du temps pour remettre de l'ordre.



Ce collègue qui te plait est je pense une chose positive effectivement surtout de la façon dont tu l'as vécu : après être passé du statut de femme à mère, il t'a permis de reprendre dans ta tête ta place de femme séductrice.



Pour finir, je te souhaite que le deuxième se fasse moins attendre que le premier ! J'attends aussi que le deuxième s'installe, c'est toujours trop long (j'ai la menace de la pma pas loin... Septembre normalement si rien ne se passe d'ici là...)