En parler
En ce moment, avec le Tigre, c'est pas le top.
C'est pas la guerre non plus, y a des moments où c'est tendre, d'autres où c'est passionnel, mais il faut bien le reconnaître : ces moments ne sont pas la majorité.
La majorité, c'est la cohabitation.
On va dire mieux : un tiers de cohabitation cordiale (un peu plus que cordiale, on va dire "amicale" même si c'est péjoratif pour un couple...), un tiers de vie de couple réelle (petites attentions, sourires, baisers, seske), et un tiers d'incompréhension. De tensions. D'engueulades, jamais très fortes, jamais très graves, de petites engueulades mais qui tuent le quotidien, qui alourdissent l'ambiance.
Alors quoi ? On s'aime plus ? On ne s'entend plus ?
En vrai, il y a plusieurs choses.
D'abord, il y a le déménagement en projet qui se concrétise de jour en jour. Et ça ne va pas sans heurt. On est différents, on réagit différemment, on gère différemment le stress et les démarches nécessaires. Du coup, souvent, on ne se comprend pas. On a beau se connaître mutuellement et accepter pleinement ces différences de caractères, dans le stress, la fatigue, les décisions à prendre, on voit bien qu'on va systématiquement dans des directions opposées et ça pèse.
Moi, en tout cas, ça me pèse.
Ca me pèse quand je dis oui et que dans le même temps il dit non.
Ca me pèse quand je dis "maintenant" et qu'il dit "plus tard".
Ca me pèse quand je dis "c'est important" et qu'il dit "c'est pas le plus urgent".
Ca me pèse quand je dis "ça on s'en fout !" et qu'il me dit, d'un air dédaigneux (bah oui c'est moi la fille qui connait rien et qui comprend rien) "évidemment que c'est important !".
J'en ai marre. Et pourtant je sais bien qu'au fond, tout ça n'est pas bien grave. Que si on n'est pas d'accord sur la démarche à faire en priorité, ça n'a pas vraiment d'importance. Que ça nous permet même d'être tout à fait complémentaires car on s'occupe chacun de ce qu'on trouve le plus urgent, du coup tout est fait en temps et en heure, au final.
Et que le plus important, dans l'histoire, c'est qu'on aille globalement dans le même sens et qu'on ait des projets communs, des envies communes, et ça, c'est le cas.
Il y a autre chose.
Nos emplois du temps sont très différents, nos rythmes aussi. Il travaille la nuit, moi le jour. Il travaille trois nuits de 12h par semaine, je travaille quatre jours de 8h. Le soir, j'ai envie de me détendre le plus vite possible après le coucher du Potam, lui n'est pas pressé, il s'en fout s'il se couche tard, il se lève quand il veut le matin. Et comme il dort le matin, JE gère le Potam le matin. Et comme 3 soirs par semaine il part travailler, JE gère le Potam, en théorie, 3 soirs par semaine. En pratique, TOUS les soirs, avec certains soirs une gentille petite participation qui s'apparente plus au principe qu'à une réelle aide. Sans compter bien sûr tout ce qui se voit moins : je gère seule tous les repas du Potam (courses, prévisions, cuisine), et ses vêtements "Tatafloute, qu'est-ce que je lui mets ????" (euh je sais pas, un pantalon, un pull c'est bien non ? ;-))
J'en ai parlé, déjà. Plusieurs fois. Souvent. Mais le Tigre est têtu et fier, il a ses idées et n'en démords pas.
Je n'ai pas baissé les bras, mais pour arriver vraiment à mes fins, il me faut être plus maligne. Ne pas imposer, ne pas crier, ne pas s'énerver. Expliquer dans le calme, convaincre, car sinon il fait de mauvaise grâce et me le ressort tous les jours "oui, MAIS le 15 janvier, je me suis levé, tu te souviens pas ???".
Parfois je me dis, que faire un deuz va nous entraîner droit dans le mur.
Parfois, ça me fait peur.
Et puis, bon, je me dis qu'on s'aime, qu'on se respecte, qu'on aime vivre ensemble globalement, même si à certaines périodes c'est plus pesant. C'est normal. Vivre à deux, ça veut aussi dire accepter la différence, accepter de petits conflits pour pouvoir avancer ensemble. Donc, avec quelques compromis de chaque côté et quelques discussions constructives, ça devrait bien se passer...
En attendant, ça fait un combat de plus à mener, et j'ai pas vraiment envie de me battre en ce moment.
Alors, je suis conciliante. Mais du coup, j'accepte souvent, par flemme d'entrer dans le conflit, une situation qui ne me satisfait pas totalement. C'est grave, docteur ?