La Paternité (avec un P majuscule) chez LeTigre
LeTigre adoooore son bébé.
LeTigre est aux petits soins avec son poussin.
LeTigre est très vite inquiet pour son poussin.
LeTigre panique vite.
LeTigre tend l'oreille et me dit d'un ton angoissé lorsqu'il entend un petit gazouilli la nuit "il est réveillé", ce qui signifie en langage félin "il y a peut-être un problème".
LeTigre vérifie presque tout ce que je fais avec le Potam. Il me fait confiance, mais comme on dit "la confiance n'exclut pas le contrôle". En pratique, quand je change le Potam pour la nuit il vient et il me harcèle "tu lui as mis son suppo ?" "tu lui a fait son nez ?" (oui quand t'as un enfant tu ne laves pas le nez tu "fais" le nez) "tu lui as pris sa température ?" "tu trouves pas qu'il fait un peu frais dans sa chambre on devrait pas mettre la grosse gigoteuse ?".
LeTigre joue beaucoup avec le Potam (entendez, LeTigre ne laisse jamais le Potam s'occuper seul).
LeTigre bisouille beaucoup le Potam.
LeTigre fait des chatouilles au Potam.
LeTigre lance le Potam en l'air en le mangeant de bisous à la réception, mais quand ma mère fait la même chose, il lui dit "attention quand même, il vient de manger il va vomir".
En résumé, LeTigre est un papa très présent, très attentif, très câlin...
... mais un peu trop présent, un peu trop attentif, un peu trop angoissé...
Quand je lui propose de trouver une baby sitter pour un soir pour sortir, il me répond avec une moue tristoune "méééééé il est tout petit ! on peut PAS le laisser !"
Quand je lui propose de le laisser un WE à sa mère, il dit non (bon ok elle n'est pas en très bonne santé et se fatigue vite. Mais je pense qu'elle adorerait et s'en occuperait bien. Ok elle l'aurait tout le temps dans les bras mais bon, c'est son problème...).
Quand je lui propose de le laisser quelques jours à ma mère, il dit "peut-être", "faut voir" mais il a la trouille, en vrai. Parce que ma mère, elle est un peu flippante des fois, elle ne se rend pas toujours compte des dangers... mais elle a eu deux filles, elle s'est beaucoup occupée de ma nièce et il n'y a jamais eu d'accident... ("par miracle", répond LeTigre) (et puis accessoirement, si on ne le laisse ni à sa mère ni à la mienne, on fait rien tous les deux !)
Quand je lui parle du deuz, il me répond "déjà qu'on s'en sort pas avec un, on va pas en faire un deuxième !".
Voilà.
Voilà donc AUSSI l'une des raisons qui me font hésiter pour le deuz. En même temps, il vaut mieux ça qu'un père totalement absent ou qui ne se sent pas concerné, non ?
Parfois il m'agace sérieusement. A la naissance du Potam, il avait pris pas mal de congés à la suite de son congé paternité, et on a passé tout le premier mois ensemble. Donc on a tout fait à deux. TOUT. On s'est relayé pour câliner, pour bercer, on l'a changé à deux, on lui prenait sa température à deux, on l'habillait à deux, on lui prenait son bain à deux.
Et aujourd'hui, la plupart du temps, il continue. Et moi ça me gave. On n'a pas besoin d'être deux pour lui laver le nez (vous avez vu j'ai pas écrit "faire son nez"), lui mettre un suppo, une couche propre et le mettre au lit. Mais lui, il vient quand même. Je fais, il assiste. Il fait rire le Potam, et il fait tout avec moi. C'est mignon hein, mais ça me saoule en fait. J'ai essayé de lui dire "tu sais, tu peux aller te poser, je peux le faire toute seule si tu veux", et il me répond "oui mais c'est un rituel, il a besoin de nous deux le soir".
En plus la plupart du temps ça marche dans les deux sens : quand IL s'en occupe, il faut que je vienne aussi !!!! Il m'appelle à la rescousse dès que la couche est trop pleine ou pour que je lui amène un truc.
Ca me pèse. Vraiment.
En fait ce qui me pèse, ce n'est pas qu'il s'en occupe "trop", c'est que tout a l'air compliqué pour lui. Tout a l'air important, vital, sérieux.
Moi avec le Potam, je trouve que c'est facile. Naturel. Je sais ce que j'ai à faire, et même si parfois j'aimerais faire autre chose à la place, ça ne m'est pas compliqué.
Il a le nez pris et il tousse ? Je lui lave le nez et je relève un peu son matelas. Et j'attends que ça passe s'il n'a pas de fièvre.
LeTigre lui, il en parle 10 fois par jour, il s'inquiète, il lui dit "oh là là mon poussin, t'es bien malade hein ?" et me dit tous les jours "tu crois pas qu'on devrait l'emmener chez le médecin ?"
J'aimerais tellement lui faire comprendre qu'il faut qu'il se détende.
Je n'y arrive pas. Parfois j'ai pu lui en parler, il m'a écoutée, il a admis qu'il était un peu trop angoissé et m'a dit en guise d'excuse, avec une petite moue d'enfant pris en faute "c'est pas d'ma faute, c'est mon poussin.............." Mais ça ne change rien.
Parfois je me dis que ç'aurait été mieux qu'il soit physiquement un peu moins présent (avec son boulot il est très souvent à la maison). Parfois aussi j'ai peur pour le Potam, quand il voudra faire des trucs. Par exemple là, il commence à marcher seul : LeTigre ne le lâche pas, il laisse ses bras autour de lui, il le tient, il le rattrape. Moi j'essaie de faire en sorte de le retenir lorsqu'il vacille un peu, mais globalement s'il est accroché à un meuble et qu'il veut se lancer, je le laisse faire. J'ai peur qu'il l'étouffe. Qu'il le surprotège. Ca m'énerve. Je me moque de lui, souvent. Je lui dis "tu devrais lui fabriquer une armure en polystyrène avec de la mousse autour pour pas qu'il se fasse mal". Mais en vrai, j'appréhende toutes les prochaines prises d'autonomie.
Il est réfractaire à toute nouveauté. Si j'essaie de lui donner à manger des morceaux, il me dit "mais il est trop petit !". Simple exemple... c'est pour tout comme ça.
Heureusement il me voit faire et il accepte. Il prend exemple, parfois. Si je fais quelque chose qu'il trouve bien, il le fait ensuite. Il râle et m'engueule sur le coup, mais quand il voit que ça marche, ou que le Potam s'en sort bien, il suit.
C'est déjà ça. On va dire qu'il a une appréhension pour toute nouvelle chose, mais qu'il s'adapte vite quand même.
N'empêche, moi c'est pas ma vision de la parentitude (comment, ça n'existe pas ce mot ? M'en fous).
Il faut que je continue à me battre pour lui faire accepter l'idée que son poussin grandit, et en même temps il faut que j'accepte qu'on ait pas les mêmes façons de faire...