Ma soeur et moi
Ma soeur et moi, c'est toute une histoire.
Très proches enfant (deux ans d'écart), on a beaucoup joué, fait beaucoup de bêtises, beaucoup rigolé... Quand j'avais 3 ans et elle 1, je la tirais par les bras de son lit à barreaux pour qu'on puisse jouer...
Ado, j'ai grandi et je n'avais plus envie de jouer. Elle, si. On était en décalage.
Ensuite, elle a fait une espèce de crise d'ado monstrueuse qui a duré des années. Elle provoquait, se mettait en danger, parlait mal, était super chiante, foutait la merde avec mes potes et la merde à la maison. Conflit 24h/24, pour tout, tout le temps. Mes parents criaient, elle criait plus fort, les insultait, se barrait, revenait à 5h du mat sur la mob d'un type de 5 ans de plus qu'elle qu'on ne connaissait pas...
(faut pas avoir de fille)
Ensuite, elle s'est un peu calmée. Mais juste un peu. Elle a continué à sortir avec des mauvais garçons, elle est tombée enceinte (par choix) à 23 ans puis a quitté le père, et ensuite, enfin, elle s'est posée, à 26/27 ans avec un gars bien qui a accepté son caractère insupportable et sa fille (qui suit le même chemin).
Entre elle et moi, ça va un peu mieux.
On est proches, on s'appelle souvent, on se raconte beaucoup de choses, parfois des choses très intimes. Après avoir passé des années à me reprocher d'avoir été "trop sage", "trop prude" (dans ses rêves), "trop bien comme il faut avec des études bien comme il faut et un mec bien comme il faut", maintenant elle me demande des conseils.
Mais la critique n'est jamais loin.
Elle est toujours là, d'ailleurs.
Ma soeur m'agace. Ma soeur me fatigue. Ma soeur ne me comprend pas. Ma soeur me déprime.
C'est con parce que j'ai une grande affection pour elle mais j'ai réalisé il y a peu, qu'elle était presque une "personne toxique" pour moi.
"Presque", parce que j'ai pris du recul, depuis. Ca m'atteint moins, et puis on habite loin, on ne se voit pas très souvent.
Mais quand on se voit, c'est l'horreur. Quand on s'appelle aussi. C'est un peu l'amour-haine, je t'aime moi non plus, je t'adore deux minutes, je te déteste juste après, je te raccroche au nez puis je te rappelle pour m'excuser en pleurant.
Et moi, franchement, j'en peux plus.
J'ai besoin de relations sereines, stables, où on n'est pas dans le conflit tout le temps. Où on se respecte, où on s'écoute, où on est tolérant, où on accepte les autres tels qu'ils sont.
Ma soeur ne sait pas accepter les autres tels qu'ils sont.
Elle ne fait que critiquer, juger, avec des mots durs, froids, directs. Pas de fioriture. Pas de diplomatie. Pas de tact. Je pense un truc, je le dis. Si ça fait chier les autres, c'est pas mon problème. D'ailleurs, elle adore faire chier les autres, provoquer. Quand elle est dans un endroit où il y a du monde, elle ne supporte pas de passer inaperçue. Il faut qu'elle provoque, qu'elle critique, et qu'elle le fasse bien fort pour que tout le monde entende. Genre à la caisse du supermarché, un geste de la caissière ne lui plaît pas, elle relève. Elle râle. Tout fort, en disant en partant "putain mais quelle conne".
Mais ça bon, ça la regarde. Moi je ne suis pas comme ça, je respecte les autres, peut-être trop je ne sais pas.
Le problème, c'est son comportement vis-à-vis de moi et en général quand on est en famille. Elle n'écoute personne, elle ne nous respecte pas, elle balance ses critiques en pensant que comme c'est la famille, on peut tout supporter, on doit tout supporter, et avec le sourire s'il vous plaît, limite faudrait la remercier ensuite de nous avoir ouvert les yeux. Elle par contre, faut rien lui dire. Elle n'a aucun humour, prend tout mal, la moindre petite remarque provoque une crise, tout est pris pour une critique alors qu'on se comporte exactement comme on le fait avec tout le monde : parfois tu fais une petite vanne pas bien méchante, avec un grand sourire, et ça passe pour tout le monde. Pour elle non.
Ce qui m'est totalement insupportable surtout, c'est cette façon qu'elle a de nier la personnalité des gens. De ne jamais s'adapter aux autres. Les autres doivent s'adapter à elle et la prendre comme elle est, mais ce n'est pas du tout réciproque. Dès qu'on a un trait de caractère différent du sien ou qui ne lui plaît pas, on en entend parler toute la journée. Elle critique, avec des mots durs, elle ne laisse aucune place à l'erreur chez les autres. Elle observe tout, tout le temps. Tous nos gestes, toutes nos paroles, elle juge tout et commente. Elle nous regarde avec son regard perçant et aiguisé, presque inquisiteur, un regard qui me dérange. Un regard qui nie la moindre intimité. Son regard transperce, juge, ausculte. Et ensuite, elle commente "ah mais tu tiens le bib comme ça...", "han c'est quoi cette façon de faire ce geste de la main là, quand tu parles, c'est nul !", "quoi ??? tu laisses le gras du jambon ???". Bref, pour tout, tout le temps.
Ca m'opresse. Ca m'est complètement insupportable. Moi qui ai toujours mis un point d'honneur a être tolérante, à m'occuper de mes affaires, à ne pas juger les autres, à écouter, à laisser leur place aux gens...
On est tellement différentes, ça ne peut pas marcher !
Et je ne peux pas lui en parler, car sa réaction serait soit du mépris, soit de l'incompréhension, soit de la violence (verbale) et je n'en ai pas envie.
Je ne peux pas ne plus la voir, c'est ma soeur et malgré tout je l'aime.
Donc, je suis condamnée à prendre sur moi. Le truc, c'est qu'avec elle je suis toujours sur la défensive (qui ne le serait pas ?), je pèse chaque mot, chaque geste pour ne pas créer de conflit, du coup parfois je pète les plombs et j'ai une réaction disproportionnée. Et ça me retombe dessus.
Toxique.
Une relation non constructive, qui met des tensions dans toute la famille. Quand elle est là, il y a des engueulades, des tensions, des conflits, des larmes et des déclarations d'amour juste après. Epuisant.
(et puis sinon, elle fait sa prise de sang demain pour sa première IAD. Elle m'a appelée tous les jours depuis l'insémination. J'ai essayé de l'apaiser un peu mais je m'en suis pris plein la gueule. Je lui souhaite quand même que ce soit positif mais j'en doute (test pipi négatif ce matin)).