Quand super-maman craque
Dans tes rêves de tous les jours, tu voudrais n'être qu'amour et douceur.
Tu fais des efforts surhumains, certains jours, pour garder ton calme alors que tu es énervée, fatiguée, stressée, lasse et que gérer le quotidien te paraît déjà insurmontable.
La plupart du temps, tu y arrives.
Tu te répètes : 10 mois, c'est normal, ça passera...
Ton petit loup, tu l'adores, tu fonds devant lui, t'as envie de le croquer, tu le renifles, tu l'as dans la peau, mais parfois, t'y arrives plus. T'arrives plus à retenir tes larmes qui coulent quand tu te tournes pour mélanger sa purée.
Tu essaies de sourire lorsqu'il te regarde, étonné, et sonde le plus profond de ton coeur de son regard intense et sérieux. Il ne sait plus. Sur ton visage toujours souriant et plein de douceur, il ne reconnaît pas cette expression de tristesse et de lassitude. Tu sais qu'il ne faut pas qu'il te voie comme ça, tu bredouilles entre tes larmes "t'inquiète pas mon poussin, je suis seulement fatiguée".
Il a suffit de ces cris. Ceux que tu supportes d'habitude, en grondant, en disant "NON !", en disant "CHUT !" en disant "Ne crie pas !", mais que cette fois, tu ne peux plus supporter. Tu lui en veux, tu voudrais juste qu'il se taise, tu as déjà du mal à te gérer toi-même, tu essaies de gérer le concret, les couches, les repas, la sieste, les médocs, mais les cris, tu peux plus.
Pour te faire pardonner, tu le prends dans tes bras. Il se cambre, s'agite, te mord et te fait un énorme câlin, puis se retourne et gigote, t'as plus la force, tes bras pourtant de plus en plus musclés ne peuvent plus supporter ce poids qui bouge sans cesse, tu le reposes, il hurle à nouveau, et tu te sens seule. Le papa arrive, il prend le relai, tu sors de la pièce, tu t'écroules et tu culpabilises. Je suis nulle. Je suis une mauvaise mère même pas capable de gérer mon fils de dix mois.
Je sais que c'est une phase normale, mais Potam m'en fait baver en ce moment. Il y a des côtés géniaux et des côtés insupportables. Il est dans la fusion et dans l'amour-rage. Quand je le prends il s'accroche fort et me mord l'épaule. Quand je suis là il ne veut que moi, pleure quand je m'éloigne, s'accroche à moi, quand je le pose il hurle (si j'arrive à détourner son attention avec un jeu, ça passe), mais, et c'est tout nouveau, il fait des câlins et des bisous. Pas du tout câlin depuis le début, j'étais en manque, mais tout vient à point à qui sait attendre : maintenant je lui dis "tu fais un câlin ?" et il se pelotonne dans mon cou, pose sa tête et m'entoure de ses petits bras. C'est craquant... (ça ne dure pas longtemps, hein, faut profiter de la seconde qu'il me donne !). Quand on lui dit "tu fais un bisou ?" il approche sa bouche ouverte pleine de bave et la colle sur ce qu'il trouve (une joue, une bouche, un front). J'adore.........
Mais il me fait payer mes absences. Quand je rentre de mon après-midi de boulot, il me fait un énoooooorme sourire quand il me voit mais ensuite il ne fait qu'hurler, il demande les bras mais quand je le prends il hurle et se débat et ce soir ça a été ça toute la soirée malgré le bain tiède qui aurait dû le calmer, jusqu'au change avant le coucher où il s'est enfin apaisé, je lui ai parlé doucement et il m'a écoutée attentivement, calmement.
C'est usant. Normal, mais usant.
A tout ça s'ajoute la frustration, il ne se déplace toujours pas, ne rampe pas, ne fait pas de quatre pattes, ne se met pas assis seul et parfois je me dis "qu'est-ce qu'on a mal fait ?". Et puis je me dis que même si on fait des erreurs, s'il voulait se déplacer, il le ferait, peu importe ce qu'on fait avec lui ou pas, peu importe le support. Il est mal à l'aise avec son corps, il gigote toute la journée, il a mille de tension et pourtant, il ne se lance pas. N'essaie même pas. Comme s'il avait peur de l'échec, peur de tomber ou qu'il ne savait pas comment s'y prendre. Mais à un âge où il a envie de tout explorer, de tout voir, de tout attraper, ça l'énerve !
Quand on a le moral et qu'on est en forme, ça va.
Certains jours, on craque.