Attendre
Continuer.
Se lever le matin, accepter la tristesse, ne pas la combattre. Arrêter de combattre malgré moi. Depuis le temps que je dis que je veux arrêter de me battre, la réalité est plus difficile. Ne pas lutter contre le découragement qui s'installe. Regarder en face cette douleur qui me brûle le coeur. Lui dire "vas-y brûle, tant qu'il y a quelque chose à brûler". Mais je le sais bien, là-dedans, ça ne se consume pas, ça peut brûler toute la vie. J'espère que le feu s'éteindra.
Mais j'ai pas vraiment envie de l'éteindre. Ca fait du bien, d'avoir mal. Je me sens vivante, je me sens là, dans la vraie vie, à me réjouir et à souffrir. En ce moment je souffre plus que je me réjouis, mais ça s'inversera un jour. Ca s'inverse d'ailleurs déjà, certains jours. Selon les jours, selon les heures.
Parfois je me dis que je n'ai pas le droit de souffrir. Qu'il y a des gens qui aimeraient bien avoir "seulement" mes "petits" soucis. Qui en ont d'autre, des gros. Qui luttent pour manger, qui luttent pour vivre. Et moi, qui souffre, indécente avec mon caprice.
Sauf que ce caprice, c'est la vie. C'est transmettre ce que je suis, transmettre mes gênes, mes valeurs, mes talents, transmettre la vie.
La nature me refuse le sens que la plupart des gens donnent à leur vie. Il me faut en trouver un autre, ou attendre.
Attendre, parce que je n'ai pas de réponse. Mais attendre combien de temps ? Faire des projets de "famille" pour plus tard ? Ou faire des projets de couple sans enfant ? Si on savait qu'on n'aurait jamais d'enfant, nos choix seraient différents. Le choix de l'endroit où on vit, le choix de notre voiture, le choix de notre travail, le choix de nos loisirs. Si l'enfant ne vient pas, il faudra remplir notre vie autrement.
Et attendre, c'est juste insupportable. Attendre chaque mois que notre vie change, ou pas.
En ce moment, on a tout gelé. Tous nos gros projets. On doit changer de voiture et on ne sait pas quoi prendre. On ne prendra pas une familiale. Parce qu'il vaut mieux devoir changer de voiture dans un an ou deux que voir une familiale trôner dans notre garage sans jamais y voir un siège auto et une poussette pliée dans le coffre.
On envisage, un jour, de changer de région. D'aller habiter au bord de la mer, sur les côtes du Nord. Mais ce sera seulement un projet familial. On se voit au bord de la mer avec des enfants, pas seuls. Si on doit rester tous les deux, on est mieux ici, proches de Paris, où on a des amis, des sorties possibles (même si on n'en profite pas).
Dans quelques jours, un nouveau J1. Il faudra reprendre les RV, les piqures, et essayer d'y croire, mais pas trop. En ce moment je prends de la progesterone donc mes ressentis sont différents de d'habitude. Je me force, je me raisonne, afin de ne pas prendre ces petits ressentis pour des symptômes. Et je me bats encore. Marre de me battre contre moi-même.