Un dimanche ordinaire
Ce matin au réveil, une sensation bizarre m'a envahie. La sensation d'un dimanche matin ordinaire.
Comme si, hier, j'avais vécu une journée normale et que ces quelques heures à l'hôpital de Senlis n'avaient pas existé.
Je me suis réveillée en ayant l'impression d'avoir rêvé mon insémination.
Je me sentais comme d'habitude.
Bien sûr, c'est tout à fait normal. Mais c'est ce fossé énorme entre mes sensations physiques (aucune) et ce qui s'est passé samedi matin, qui me fait bizarre. Même dans ma tête, c'est comme si cette insémination n'avait pas eu lieu.
Ca m'a rassurée aussi. Je sais que je ne vais pas vivre ces 15 jours en n'ayant que ça en tête. Samedi matin, c'est une parenthèse dans un cycle comme un autre. Comme si je me réveillais en ayant simplement fait un câlin la veille.
On a glandé tout le WE. Fait une sieste samedi (une heure dans un transat avec un bouquin + une heure de dodo sur mon lit), et une sieste aujourd'hui, à deux cette fois.
Je suis dégoûtée de n'avoir rien fait ce WE alors qu'il y avait tant à faire dans la maison. Mais contente de m'être reposée.
Dans quinze jours, nous serons au mariage d'une amie d'enfance dans le Lot, c'est pour ça que je fais ma prise de sang le vendredi matin. Je n'irai pas bosser, j'irai faire ma prise de sang et nous partirons directement. J'appellerai le labo dans l'après-midi, je sais que j'aurai une grosse boule au ventre, et malgré mon optimisme je sais que je me préparerai au résultat négatif parce que, l'ayant vécu 25 fois, c'est plus facile de me préparer à ça. Et pourtant, j'ose aussi imaginer la bonne nouvelle. Celle qui changera notre vie. C'est bizarre, mais je sais que je serai sereine et que nous serons les plus heureux de la terre mais que ce sera "normal". Comme si, enfin, nous étions comme tout le monde. Jusque là, je n'imaginais pas une prise de sang positive. Là, je l'imagine. Je visualise et je crois que je ne serai pas surprise. Rassurée, mais pas surprise, parce que je crois que j'ai enfin réalisé qu'il y a réellement une chance assez importante que ce soit le cas. Dans ma tête, c'est une chance sur deux. Alors j'arrive sans mal à imaginer les deux. Un coup de poker. Un coup de chance, mais accessible. Ptètre ben qu'oui, ptètre ben qu'non.
J'ai voulu faire cette prise de sang le vendredi car je ne veux pas ne penser qu'à ça pendant le mariage, samedi. Je ne veux pas être en plein doute ce jour-là. Je veux savoir avant. Ne pas aller aux toilettes toutes les dix minutes en ayant peur que les règles arrivent. Et si c'est négatif, j'aurai une demi-journée pour me remettre. Pour me mettre dans l'ambiance et être là pour mon amie au lieu de penser à moi. Pour arriver à avoir le sourire et ne pas gâcher ce moment.
Si c'est positif, nous serons les seuls à savoir et nous savourerons notre bonheur en dansant toute la nuit.
Si c'est négatif, nous essaierons de profiter de la soirée pour nous changer les idées... mais j'appréhende un peu ma réaction. Comment faire comme si de rien n'était ???
Bon on n'en est pas là, on verra.
Aujourd'hui, je n'y ai pas trop pensé. Je pense que pendant une semaine, ça va aller. Par contre, à partir de 7-8 jours, je ne réponds plus de rien. Je serai à l'affut du moindre signe, je le sais.
En tout cas pour l'instant, je suis très zen et j'espère que ça va durer le plus possible. Mais je vais réellement essayer de garder mon optimisme et d'y croire jusqu'au bout, coûte que coûte, même si des syndrômes prémenstruels se pointent. Je vais mettre les mains sur mon ventre, encourager l'éventuel embryon pour lui donner envie de s'installer !
Je me sens enfin une femme comme une autre. Etre en train d'essayer de faire un bébé et se dire que ça va forcément arriver. J'ai retrouvé confiance en mon corps, puisque la médecine est là pour pallier son insuffisance.
Et puis j'ai enfin arrêté aussi de culpabiliser, samedi, en passant devant un champ et en réalisant que les plantes aussi, elles sont en PMA. Ou plutôt en PHA (procréation humainement assistée). On ensemence les légumes, les fleurs, et puis on met de l'engrais dans la terre pour la rendre plus fertile. Quand on met du purin dans un champ, c'est naturel aussi non ? Moi mon purin, c'est le puregon. En plus, ça sonne pareil. C'est bon de se sentir normale.