Elles sont là.Elles sont arrivées et je
Elles sont là.
Elles sont arrivées et je pleure.
Pour une fois, je ne pleure pas parce que leur arrivée signifie que je ne suis pas enceinte, non, ça je le savais déjà et j'ai l'habitude. Je pleure parce que j'ai peur. Je pleure parce que le courage me manque.
Il fait beau, il fait chaud, dans le jardin d'à côté les gosses jouent dans la piscine, les gens se marient, tout le monde vit sa vie et moi, je suis là devant mon ordi, dans la chambre plongée dans une semi-pénombre pour arrêter les rayons du soleil, je suis là à écrire des mots que j'espère libérateurs, mais j'ai le coeur gros. Je lis et relis des blogs, des témoignages, comme si le fait de lire tout ça me fera être enceinte plus vite. Mais ça ne sert à rien. Ca ne me soulage même pas.
Je dois aller déclarer mon J1 sur le site et je ne le fais pas. Je sais bien que je vais le faire, j'ai toute la soirée pour ça, mais je recule le moment. C'est le moment du grand saut, après cette inscription on ne pourra plus revenir en arrière. On sera partis. Et je regarde mon écran, en quête de quelque chose d'autre à faire qui ferait passer le temps, qui me ferait oublier. Mais je ne pense qu'à ça. J1 de IAC1.
J'étais tellement impatiente il y a quelques jours. Impatiente de commencer, de réagir, de tester, de savoir. Mais aujourd'hui, je voudrais reculer ce moment que je redoute. Aujourd'hui, c'est la fin officielle de nos essais "naturels". En allant sur ce site déclarer mon J1, je signe mon infertilité. C'est officiel, voilà, ça fait deux ans et comme on le sait toutes, au bout de deux ans sans grossesse on est catalogué dans les "stériles". Maintenant que la PMA existe, on dit "infertiles". Le résultat, c'est seulement que la vie refuse de se développer en moi. Que ma glaire refuse de faire passer ses spermatozoïdes, qu'elle les tue comme des intrus, ou alors que mes ovaires refusent de fabriquer des ovocytes fécondables. L'un ou l'autre, ou les deux. On ne sait pas. Ca me torture de ne pas savoir. Parce que si c'est la glaire, l'IAC résoudra tout. Mais si c'est l'ovulation, rien ne dit que je répondrai correctement aux traitements.
Et si c'était mon uterus qui refusait que la vie se développe en son sein ? Mon uterus et sa forme bizarre. Il est tout étiré, mon uterus, et tout tordu dans le sens horizontal. Il parait que ça n'empêche en rien de faire des bébés.
J'ai peur d'un truc aussi depuis aujourd'hui : je me suis souvenue de la difficulté extrême qu'avait eu le radiologue à insérer le cathéter dans mon col utérin pour l'hystero. De ma souffrance pendant les 5 ou 6 essais qu'il a dû faire avant d'arriver à entrer. Ben oui, mon col, il est pas dans l'alignement de mon vagin, alors avec un cathéter, c'est pas facile. Du coup, j'ai peur que pour l'insémination ce soit aussi compliqué, que ça me fasse mal (mais ça, je m'en fous), mais surtout qu'ils n'y arrivent pas.
Tellement de peurs irraisonnées. De sentiments incontrôlables et probablement idiots.
Je n'arrive pas à croire que ça peut marcher. C'est dingue, je m'en veux de ne pas y croire. Comme si j'allais m'infliger quelque chose de difficile qui n'a aucune chance d'aboutir. Mais c'est totalement faux. Je sais qu'il y a 5 fois plus de chances que ça marche, que sans. Il FAUT y croire. Il FAUT que je retrouve mon optimisme et ma forme.
Peut-être que les hormones du premier jour de règles ne sont pas étrangères à mon état d'angoisse et de déprime. Je vais essayer de laisser passer quelques jours sans me poser trop de questions, en essayant d'accepter la morosité comme conséquence des règles. Et c'est sans aucun doute le cas.
Demain, lundi, ça ira mieux. Je vais me reprendre et affronter tout ça pleine d'espoir et de courage.
Mais quand même, JE FLIPPE MA RACE !!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!